L
e grand jour est arrivé pour Rose et ses camarades : la cheffe leur attribue leurs derniers postes d’apprentis rangers. Après cela, ils pourront graver leur nom sur le portail de l’unité, parmi ceux de leurs prédécesseurs. Si l’adolescente se réjouit d’être supervisée par Julian qu’elle admire secrètement, elle déchante en apprenant son affectation. Cantonnée à la surveillance du très paisible Pré à l’Oreille d’Agneau, elle survole sans passion l’entendue herbeuse, montée sur sa pégase, Kestrel, et ronge son frein. Et l’attitude nonchalante de Leone, le berger, ni les airs qu’il joue au violon n’améliorent son humeur. Aussi, quand une tempête imprévue survient, Rose saisit l’opportunité, espérant s’illustrer. Les répercussions de sa désobéissance vont la plonger dans le doute en la clouant au sol.
Que ce soit avec la délicieuse trilogie des Dragon-thé (Eisner Award 2018) ou La gardienne des papillons (2023), K. O’Neill sait enchanter le lecteur avec des récits fantastiques axés sur la recherche de soi et teintés de bienveillance et grâce à une patte graphique reconnaissable. Son nouvel album paru chez Bliss, Le chant de nos pas reprend ces ingrédients éprouvés et déploie une quête identitaire où se mêlent questionnements personnels, amitié naissante, découverte d’un monde ainsi qu’un brin d’écologie.
Découpée en neuf parties, l’histoire commence par une présentation du quotidien des élèves rangers et de la personnalité de Rose, en opposition avec celle de Leone. La bourrasque agit comme un catalyseur bouleversant la voie toute tracée de l’apprentie et remettant en cause son avenir, ses choix et l’amenant à se révéler à elle-même et aux autres. Aspirations et identités de genre, mais aussi affects et relations amicales sont traitées avec justesse et naturel. Par ailleurs, le voyage à travers le pays qui occupe une grande partie des chapitres permet de visiter le monde imaginé et d’en apprécier les coutumes diverses. Le chemin se parcourt à la fois dans les villages traversés et intérieurement pour mieux grandir et mesurer le souci des petits groupes isolés de vivre en symbiose avec leur environnement. Le dessin de l’artiste néo-zélandais·e se révèle tout en douceur dans son trait et ses couleurs. Expressif, il caractérise bien la galerie des personnages et fait la part belle aux paysages variés. La composition des planches reste classique, cependant, K. O’Neill offre quelques belles illustrations, notamment dans certaines scènes muettes gracieuses et éloquentes.
Jolie fantaisie, Le chant de nos pas propose une agréable pause lecture qui saura plaire à un jeune public, mais aussi séduire les bédéphiles plus âgés.
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