A
ncien reporter, Stéphane porte un mal de vivre dont il n’identifie pas la cause. Victime d’une soudaine maladie auto-immune, il se convainc qu’elle est le symptôme du même problème. Cherchant les réponses dans un passé occulté, il découvre que, tout jeune, il a subi des abus sexuels commis par un ami de la famille.
Grégory Panaccione adapte un récit autobiographique de Stéphane Allix. Le propos se montre touchant et le lecteur ne peut pas être insensible face à ce désespoir. En cela, le scénario constitue une réussite.
Les deux cent trente pages composant l’album apparaissent toutefois déconcertantes. La quête du journaliste s’apparente à un interminable salmigondis de « nouvel âge », de médecine alternative, de thérapie psychédélique sous hallucinogènes, de synchronicité, de considérations sur l’expérience de mort imminente et d’ésotérisme. Au final, l’histoire se révèle essentiellement celle d’une personne en mal de repères, semblant avoir perdu tout sens critique.
Les illustrations sont heureusement plus convaincantes. Le trait varie beaucoup. Souvent hyperréaliste, il cède parfois la place à des épisodes traités sur un mode caricatural, comme si l’artiste désirait détendre une atmosphère plutôt lourde. Les dessins les plus forts demeurent ceux où le protagoniste, plongé dans ses souvenirs, est présenté nu et vulnérable, sur un arrière-plan d’un noir profond et angoissant. Ces motifs ne sont pas sans rappeler l’expressionnisme.
La construction des planches est également concluante. Les bandes et les vignettes, généralement carrées, tendent à s’arrondir et à se déformer pour accueillir les segments oniriques, de telle façon que la forme et le fond ne font plus qu’un.
Un projet étrange, difficile à apprécier pour celui qui n’est pas versé dans la chose mystique. Mais bon, l’écrivain semble avoir trouvé un semblant de paix.
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