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n novembre 1886 au large de l'île de Soline, un goémonier meurt en mer sous les yeux de son fils Yann, impuissant face à la mer. Désormais seul, celui-ci est épaulé par François et sa famille, dont la petite Soa devenue muette à ses deux ans. Cette dernière se lie d'amitié avec l’orphelin. Des années après, le curé de l'île implore François de laisser sa fille aller sur le continent afin qu'elle puisse suivre des études auprès d'une sœur qui revient du Québec où elle a appris la langue des signes. D'abord réticent, il accepte. Pour Soa, c'est le début d'une aventure qui va lui ouvrir les portes du savoir et du combat social, tout en lui permettant de vaincre un traumatisme qui la rendue muette.
Gérard Cousseau mêle de nombreuses de thématiques dans cet album. Tout d'abord, souhaitant rendre hommage aux îliens, il ancre son récit dans un cadre fictif. L'axe narratif repose sur une série d'allers-retours de son personnage principal de la fin du dix-neuvième siècle jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Ce choix constitue aussi le bémol du titre puisqu'à partir de sa moitié, le rythme devient très rapide, les ellipses temporelles faisant gagner du temps pour donner un fin correcte compte tenu du nombre de planches. Tout un pan de sa vie n'est pas traité, ce qui laisse sur sa faim. Le récit est un condensé plausible, librement inspiré de faits réels. Le scénariste développe la vie quotidienne d'une famille de goémonier breton, puis le handicap résultant d'un traumatisme sexuel. Ce dernier point est le twist majeur de l'album. L'auteur survole aussi l’acceptation de la différence et les luttes féministes, mais, là encore, sans trop développer.
Le dessin de Shinja séduit. Les personnages bénéficient d'un aspect réaliste, tout comme les décors, travaillés, généreux en détails . Les choix de colorisation, dans les ton du sépia, rehausse le tout.
Soa, le silence de mes cris est une lecture qui ravira les amateurs d'histoires presque vraies.
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