D
epuis son plus jeune âge, Frenk Meeuwsen a cultivé un penchant pour la spiritualité. Cependant, la foi catholique imposée à l’école l’a quitté assez rapidement. Suite à la lecture de quelques volumes piochés dans la bibliothèque familiale, celle-ci a été remplacée par un intérêt pour le mysticisme extrême-oriental. Pas une vraie croyance ou une vocation, simplement une curiosité et une envie d’en savoir plus. Ensuite, devenu jeune homme, il a fait un long séjour au Japon où il a pu approfondir ses connaissances du zen et même se lancer dans la méditation. Des années après, arrivé à un âge plus mûr, il s’interroge sur ces enseignements et à propos de leurs impacts sur son existence. D’où vient-il ? Qui est-il et où va-t-il ? Hakuna Matata, mouds le café et ce genre de choses.
Grand fatras autobiographique mâtiné de leçons d’histoire et de conseils divers et variés, Zen sans maître est une somme impressionnante, un peu confuse, mais incroyablement généreuse. Après quelques éléments généraux sur l’origine du zazen, l’auteur se retourne vers son passé et tente de retrouver les racines de sa fascination. Dans le grand cercle de la vie, tout est lié et, souvent, une bonne partie de ce qui fera les personnalités prend naissance durant l’enfance. Est-ce vieux prêtre-instituteur du primaire ? Sa relation distante avec un père uniquement dédié à la mécanique ? Petit à petit, les pièces se mettent en place et finissent par composer un autoportrait. Évidemment, plusieurs zones d’ombre persistent, sans que l’image finale en soit pour autant réellement affectée. Comme en dessin, les vides s'avèrent aussi importants et révélateurs que les pleins.
Prenant au mot le titre de son projet, jamais Meeuwsen n’impose ses points de vue. Il se limite à se raconter, désirant certainement se convaincre avant tout lui-même plutôt que ses lecteurs. Il s’agit peut-être d’une des limites de cet ouvrage confession. Passé outre les rappels culturels, le propos reste très personnel et peine à aller au-delà d’une expérience parmi des millions. D’un autre côté, la quantité énorme d’anecdotes et de digressions (sur l’art, l’amitié, les rites de passages, etc.) offre assurément un petit quelque chose de parlant pour chacun.
Les livres de développement personnel ne manquent pas et ils sont tous à peu près inutiles. Zen sans maître aurait pu en être un autre. Ce n’est pas le cas, heureusement. Dense et fourmillante bande dessinée, l’album ne cesse d’explorer, de douter et, surtout, de souligner la richesse du monde et l’importance de vivre l’instant présent. Comment ne pas être en harmonie avec ce constat ?
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