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at Cop, le pire policier imaginable, la caricature de la caricature, mais il fait partie de la force. Il patrouille, s’empiffre de bouffe industrielle et n’hésite pas à se servir dans les poches des victimes. Y en-a-t-il des meilleurs au commissariat ? Sûrement, mais, comble de l’ironie, ce n’est pas le plus cruel ni le plus désespérant. Et puis, de toute façon, tout le monde est pourri, vous en premier, puisque vous tolérez ce type d’individu.
Avertissement : pornographie, scatologie, ultra-violence et volonté d’outrepasser tous les tabous, Fat Cop n’est pas le genre de livre à laisser entre toutes les mains.
Héritier des auteurs de la contre-culture (Crumb, Shelton, Gotlib période Écho des Savanes, etc.), Johnny Ryan continue de porter la flamme de la BD contestataire, crade et outrancière. Choquer, dépasser toute forme de bienséance et retourner le tout dans la gueule de ses lecteurs, la méthode est simple, directe et ne fait pas de prisonnier. Néanmoins, au fil des pages, derrière une façade taguée au dégueulis, une image désespérée de l’état de notre société apparaît. Ultra-sensibilité et humour de sale gosse, l’auteur décape d’abord la réalité au fléau d'armes, pour pouvoir, ensuite, dépeindre l’impasse totale dans laquelle les USA (principalement, mais le reste de la planète n’est pas loin derrière) se complaît et se désagrège. Comme dit précédemment, la technique n’est pas nouvelle et a été largement utilisée durant les années 60/70. Vu le résultat cinquante ans après, pas certain que cela marche vraiment. Sans compter que, depuis, les mondes virtuels ont ouvert toutes les vannes et que plus grand-chose ne semble réellement toucher des masses paresseusement retranchées derrière des avatars pas moins absurdes que les péripéties de cet album.
Cri du cœur sincère, appel aux réveils des indignations via l’indignation, Fat Cop ne laissera personne indifférent, c’est son but. Dans le même temps, l’ouvrage apparaît immédiatement dépassé, voire anachronique. Catastrophe, massacre, scandale ou la dernière déclaration de la Maison Blanche ont d’ores et déjà repoussé les bornes de l’acceptable trois ou quatre kilomètres plus loin. Bien essayé quand même.
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