L
a mère d’Almudena, danseuse, vient de décrocher une belle opportunité et part pour trois mois en tournée. La jeune fille n’ayant que 14 ans, elle est confiée à son père, Xavier, qu’elle n’a jamais rencontré. Cet été sera l’occasion de découvrir ses origines étrangères, apprendre à connaitre et apprécier l’entourage paternel et aider Xavier à retaper une vieille maison.
Sous ses airs de simple récit initiatique familial, Almudena aborde avec finesse de nombreux sujets de société : gentrification, homophobie, racisme… Tous ces thèmes sont introduits par leurs conséquences sur la vie des gens, et deviennent explicites pour le lecteur en même temps qu’ils sont compris par Almudena. Le premier exemple est les travaux de rénovation, moteur initial du récit. Au fil de l’été, ce qui semble de prime abord une simple aide à son père, s’épaissit des enjeux affectifs qu'il porte à ce bâtiment puis s’éclaire de l’importance vitale du prix du logement dans un quartier en pleine évolution sociale.
L’héroïne est attachante et la galerie de second rôles est riche ce qui rend la lecture intéressante. Le seul défaut qui pourrait être soulevé est que la jeune fille trouve en seulement trois mois des solutions aux questions avec lesquelles chacun se débat depuis parfois des dizaines d’années, comme si, finalement, les problèmes sociaux de cette petite communauté guatémaltèque étaient assez simples à régler.
Sur le plan graphique, la plupart des cases sont en plan rapproché ou en gros plan, excepté pour plusieurs jolis passage dans la maison, qui se trouve ainsi traitée comme un personnage. Peu de paysages, peu de décors, des fonds souvent monochromes : le choix est clair, l’illustrateur ice Mar Julia se concentre sur les acteurs, leurs visages, leurs émotions, et leurs interactions. Cela est parfaitement cohérent avec le récit et donne un rythme rapide qui participe au côté page turner du livre.
Almudena est un beau récit sur le vivre ensemble, l’acceptation des différences et au final, comme toute histoire américaine, l’importance de la famille. Passé outre une certaine naïveté dans la manière dont les évènements se déroulent, ce livre est très plaisant et une lecture qui donne une vision positive de l’Amérique, peut-être salutaire en ce moment ?
Les temps ont changé et les enfants ne vivent plus forcément en même temps avec un père et une mère. C'est ce qui bouleverse la vie de la petite Almudena quand sa mère l'a confie à son père pour une garde le temps d'un été.
Là où cela se complique, c'est que le père parle seulement l'espagnol et ne comprend pas l'anglais, la langue maternelle d'Almudena qui vit aux States avec sa mère. Bref, il y aura un réel effort d'adaptation à fournir pour approfondir la relation père-fille. C'est un retour aux racines mais c'est également plus que ça, on le verra.
Cette BD pose le thème de ces familles composées ou transfrontalières et plus globalement de l'identité dans un monde de plus en plus interdépendant. Oui, il y a toujours un côté assez exotique à vouloir explorer l'amour par-delà les différences culturelles mais ce n'est pas sans poser parfois quelques petits soucis. Cependant, cette lecture nous prouve qu'on peut dépasser toutes ces petites difficultés pour mieux vivre ensemble.
Les couleurs chaudes choisies donnent tout leur charme à ce récit forcément très coloré. On ressent beaucoup de sympathie et de joie de vivre chez les guatémaltèques. Certes, cela peut partir parfois dans tout les sens mais c'est toujours dans la bienveillance. C'est le genre de récit feel-good aux bonnes intentions qui apporte une belle touche d'humanité qui tranche avec la fermeture des frontières du géant américain à ces peuples du Sud.
Certes, notre héroïne encore adolescente aura quelque fois un côté assez égocentrique mais c'est souvent propre à cette période de la vie. Cela tranche singulièrement avec le père qui rénove une maison pour aider le quartier. Au-delà de tout ça, il n'y a pas véritablement de scénario consistant. On se laisse un peu porter par tout un microcosme de rue qui gravite autour. Au final, Almudena ne regrettera pas son été un peu spécial.
C'est une œuvre assez chaleureuse à lire pour sortir un peu des sentiers battus de la BD européenne.