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n semblant de contexte général inscrivant l’intrigue sur le temps long, une bonne louche de fantastique et de peur primale, c’est parti ! Christophe Bec offre et s’offre une petite récréation cent pour cent adrénaline le temps d’un survival aussi classique que terrifiant. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures, les prémices sont clairs : une famille se retrouve coincée dans sa maison au fond des bois, entourée par une meute de monstres humanoïdes particulièrement courroucés. Les bestioles étant plutôt nocturnes, il s’agit de tenir jusqu’au matin. Le reste n’est qu’une question de maîtrise des nerfs et de viser juste.
Afin de faire de donner un peu de consistance à la sauce, chaque protagoniste possède sa personnalité propre et son petit trauma (rien de bien compliqué, rassurez-vous). L’affrontement permettra évidemment de confronter ces fêlures intérieures et de se révéler aux autres. Avertissement, les lecteurs sensibles pourraient être pris au dépourvu et verser une (toute) petite larme devant certaines décisions déchirantes. Là aussi, il s’agit d’un passage obligé, il n’y a pas le choix.
Résumé ainsi, l’album sent plus le déjà-vu que l’œuvre novatrice. C’est pas mal le cas. Par contre, ça serait vraiment dommage de s’arrêter là. En effet, dès que la machine s’emballe pour de bon, l’affaire devient intéressante (toute chose comparée). Les scènes-chocs ultra-rythmées se succèdent sans coup férir et instaurent une atmosphère véritablement irrespirable. Bec n’en est pas à son premier thriller horrifique et il est devenu un maître pour poser une ambiance lourde et sans concession. Sur ce point, la progression dramatique s’avère implacable. Kamil Kochanski aux dessins et Facio aux couleurs ne sont pas en reste et rendent une copie du plus bel effet. Mise en scène ouverte et très aérée, angles de vue dynamiques et le bon équilibre entre zones d’ombres et regards apeurés, toute l’équipe est à l’unisson et mène à terme cette énergique histoire avec sérieux et énormément d’attention aux détails. Cela fait toute la différence.
Exploitation, stéréotypes, psychologie de bazar, oui, jetez-en, il y a encore quelques pages à remplir ! Seulement, prenez également le temps de faire un pas de côté. Derrière ces poncifs, il y a surtout énormément de plaisir et de respect pour un genre populaire et tellement adoré. Joli boulot, messieurs.
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