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oyaume-Uni, de nos jours. Pré-ado, David mène l’existence classique d’un jeune qui grandit. L’école, les potes, la famille, un peu de foot et, créatif, il participe également à la troupe de théâtre de son école. Néanmoins, cette routine qu’il a toujours connue semble se modifier. Il n’est plus un petit enfant. Son humeur et celle des autres changent et tout ce qui était acquis se complique subitement.
Chronique des prémices de l’adolescence et de la fin de l’innocence, Hors Scène permet à John McNaught (L’été à Kingdom Fields) de dresser un portrait sincère et touchant d’un petit gars qui ne sait pas encore ce qui lui arrive. Chapitre après chapitre, le paysage intime de David est mis à l’épreuve. Il ne reconnaît plus ses goûts préférés jusqu’alors et certains amis commencent à lui taper sur les nerfs. Sans compter qu’il devient très difficile de résister à toutes ces tentations qui s’offrent à lui. Le tout en restant dans les clous. Il ne faudrait surtout pas que ses parents ou ses professeurs s’aperçoivent de quoi que se soit. Un rapprochement avec les œuvres de Max de Radiguès est immédiate. Cependant, la démarche du scénariste se montre un peu différente, plus posée. Face aux clashs de L’âge dur, par exemple, les réactions du protagoniste principal de Hors Scène restent sages ou contraintes. Par contre, ce n’est peut-être qu’une question de temps avant que la rébellion prenne le dessus, tant la colère et les doutes sont sous-jacents.
Visuellement, l’influence de Seth saute aux yeux. Cadrages léchés, couleurs douces et parfaitement posées, découpage fait de cases carrées, etc., le dessinateur ne peut cacher qui est son modèle. Dans le même temps, McNaught ne se limite absolument pas à pasticher son illustre collègue canadien. En effet, malgré des ressemblances indéniables, ce dernier fait preuve d’inventivité avec une gestion des moments forts particulièrement efficace. La mise en scène s’adapte constamment au rythme des évènements et le canevas «moule-à-gaufres» est régulièrement mis à mal via des bris dans la composition des planches. Il en résulte un dynamisme inattendu qui prend souvent le lecteur par surprise. Comme pour les émotions, la narration est à fleur de peau et chaque frisson est tangible.
Exemplaire fable de passage à l'âge (presque) adulte organisée autour d’une admirable mise en abîme théâtrale, Hors Scène est une lecture d’une acuité et d’une élégance rare. Pour son quatrième album, John McNaught est arrivé à une maturité certaine, comme bientôt ça sera le cas pour son héros.
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