Sœur Calvaire

D ans les Asturies se trouve le paisible monastère de l'immaculée conception. La vie des religieuses est rythmée par une règle et un emploi du temps fixe. Mais pas pour Sœur Justine, alias Calvaire 24, qui mène en parallèle une mission d'agent auprès de La dernière parole de Dieu. Cette organisation secrète du Vatican œuvre dans l'ombre contre les démons. Un jour, elle est envoyée pour se débarrasser d'une créature du mal à Niembro. Sur place, Souleymane Saba Taleb, un exorciste musulman indépendant lui vient en aide. mais le démon est bien trop puissant. Le combat se fait âpre, jusqu'à ce que Calvaire ne déclenche un pouvoir inconnu.

Raule s'amuse avec un récit au croisement de l'ésotérisme super soft, du road-trip et du fantastique. Il y place des éléments que les amateurs de ces genres apprécient tels la société secrète de protection (une sorte de MIB version catholique), un pouvoir caché non maitrisé par un personnage important, de la baston et une petite dose d'humour. Son histoire ne tenant que sur soixante planches, il est difficile de développer certains aspects de son scénario, comme certains des personnages à l'instar de Souleymane, ce qui peut laisser des lecteurs sur leur faim. En effet, même si une explication est livrée sur l'origine du pouvoir de Calvaire 24, peu d'éléments sont donnés sur l'organisation. Cet arrière-goût est renforcé par la fin en cliffhanger..

Le style de Fran Carmona est plaisant à l’œil. Ses personnages bénéficient d'un design semi-réaliste à cheval entre le comics et la bande dessinée franco-belge. Néanmoins, leur taille laisse plutôt à penser que les lecteurs ont affaire à des adolescents plutôt qu'à de jeunes adultes. Dans certaines cases, le dessinateur frôle les dimensions du super-deformed. En dépit de ce détail, Fran Carmona est à l'aise dans les scènes de combats dans lesquelles où il ose davantage, en témoignent les choix de cadrages et de disposition des cases. De plus, comme l'attestent la couverture et le petit cahier graphique à la fin de l'album, il est nettement plus dans son élément pour les créatures maléfiques. L'aspect visuel est rehaussé par le travail de colorisation de Werner Sanchez. Il use d'une large gamme, allant du sépia pour les flash-back aux couleurs les plus criantes, ceci afin de coller au mieux aux ambiances.

Sœur Calvaire est un album ado-adulte oscillant entre aventure et fantastique, avec un léger zeste d'ésotérisme. Une lecture divertissante pour les amateurs du genre.