« Sans plus jamais passer par aucun port, je vivrai et mourrai en mer.
La terre c’était hier et hier n’est plus, je suis né du sel, et au sel je retournerai.
Les algues pour tombeau et seules les mouettes me pleureront. »
Ils sont une bande de laissés-pour-compte, sans attaches, qui voguent sans pouvoir accoster, ballotés par des flots contraires. Si la vie d’antan n’était que misère et que tous avaient une bonne raison de prendre la mer, n’est-il pas temps aujourd’hui de regarder derrière soi pour aller de l’avant ? Alors, pourquoi ne pas céder aux chants d’une sirène et retourner au port ?
Avec Carcoma, Andrés Garrido aborde des rivages graphiques aussi noirs que tourmentés qui, s’ils ne sont pas des plus fréquentés, n’en sont pas pour autant inconnus. Ce faisant, il laisse le lecteur dériver au gré de son imagination sur un récit récif où il est question de haute mer, voire de maternité amer, de regret à défaut de remords, de mort, mais aussi de rêves de résurrection et, enfouis au sein de chacun, de sombres démons comme de lumières rédemptrices. Dans cette fuite du passé au fil des vents, il est parfois difficile - devant tant de profusion - de jauger du cap que le jeune auteur espagnol veut prendre.
Quoi qu’il en soit, si l’ensemble déroute parfois, il intrigue suffisamment en soi pour, un jour peut-être, remettre pied à bord pour apprécier à sa juste manière cette meurtrière croisière.
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