S
ous les yeux de ses parents inquiets, Gaëlle rentre au collège. Au milieu du bruit et des bousculades, elle se fait aussi petite que possible, en se répétant que tout ira bien. Il le faut, elle le doit, quoi que lui soufflent Pau, Tim et Magi. Mais à la cantine, tout bascule. Moquée par d’autres élèves, Gaëlle s’évade pour retrouver ses amis de toujours. Le caméléon, le hérisson et le panda roux l’attendent dans son univers intérieur où tout est plus sûr, plus beau, plus coloré. Arrive alors Milos, décidé à ramener l’adolescente au réel en l’accompagnant pour prendre le dessus sur ses émotions.
Trouble dissociatif : telle est la pathologie dont souffre l’héroïne du Chemin vers les étoiles. Pour l’aborder, Valentina Vengoni a choisi de le raconter de l’intérieur, en immergeant le lecteur dans ce que vit et ressent la protagoniste. La scénariste est accompagnée dans cette aventure par Paola Amormino au dessin et Ofride (Les voyages de Lotta ) pour la mise en couleurs.
Installée dès les premières pages, la situation stressante déclenchant la crise prend progressivement de l’ampleur. Elle est adroitement montrée par la lutte interne de Gaëlle avec le trio imaginaire qui cherche à l’envahir – peur, anxiété et fantaisie. Puis, lorsque la jeune fille cède, le ton change le temps d’une séquence. L’irruption du psychologue, posé et persuasif, entraîne une nouvelle rupture, suivies par d’autres au gré de la fluctuation des ressentis négatifs et des diverses tentatives du thérapeute pour sortir sa patiente de son monde idéalisé. Si le voyage intérieur pour reprendre pied se révèle intéressant, la narration pâtit de transitions parfois brouillonnes entre des passages plus légers et d’autres au contraire angoissants, notamment dans la dernière partie de la BD. De plus, outre un aperçu des inquiétudes des parents, le récit s’attarde avec finesse sur le rôle des médicaments dans le traitement et la perception qu’en a l’adolescente.
L’album doit aussi beaucoup à sa partie graphique. En effet, le trait de Paola Amormino, soutenu par la palette de teintes douces d’Ofride, s’avère agréable et accrocheur. Le duo d’artistes parvient sans peine à créer des ambiances en adéquation avec le propos. Les planches sont riches, soignées dans les détails et offrent une appréciable variété dans les cadrages. Il est également aisé de s’attacher au trio animalier proche de Gaëlle, grâce aux bonnes bouilles de chacun.
Paru chez Jungle, Le chemin dans les étoiles a le mérite de porter un regard bienveillant sur un trouble psychique peu connu chez l'enfant. Une lecture parfois ardue, mais un dessin agréable qui mérite de s'y arrêter.
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