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essiner pour retenir le passé, pour le transmettre, pour ne pas être oublié. Dessiner… juste pour le plaisir. Dessiner à en remplir des carnets !
Avec Les jardins invisibles, Alfred exhume de ses crayonnés accumulés au fil des années, une poignée de souvenirs, de ceux qui, s’ils avaient été vécus autrement, résumeraient probablement une toute autre existence. Sans ordre précis, il convoque sur l’autel du passé les dessins d’antan. Dans le registre du croquis destiné à saisir la spontanéité du moment, avec un trait noir ou coloré empreint de naïveté, il livre une succession d’instantanés pour rendre compte de ces heures banales où tout a basculé, de ces minutes fugaces qui l'ont construit : une dernière partie de pêche "entre hommes" à Chiavari à l’été 1990, un "burn out" en 2009 un jour de canicule et l’amorce de la résurrection à Naples à l’automne suivant, un plat de pâtes aux Cinque Terre à l’été 1995, un jardin d’Éden à Rome en 2014 ou encore un changement de couche en catimini devant La Vierge à l'Enfant avec quatre saints de Bellini…
Une autobiographie n’est-elle pas forcément impudique et n’existe-t-il pas une forme de voyeurisme à s’y plonger ? Non… à condition d’y être invité et Alfred ne concède ici que ce qu’il veut bien donner à voir ! Ce faisant, sans vraiment crier gare, s’engage au fil de la lecture une réflexion sur les amertumes et les douceurs oubliées, sur la trace que chacun aimerait graver dans le cœur des autres et de ce qui reste d’eux à travers nous… Comme quoi la BD mène à tout !
Les jardins invisibles est un de ces albums qui, sans y paraître de prime abords, peuvent vous emmener très loin pour peu de bien vouloir se laisser aller…
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