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asablanca, 1924. Marcel souhaite jouer au football. Son père, véritable tyran, ne voit pas les choses du même œil : il sera boxeur. Quinze ans plus tard, le sportif enchaine les affrontements et règne en maître sur les rings de France et d’Europe. Alors que son pays est occupé, le poids moyen démolit une vedette nazie, ce qui le force à retourner au Maroc. L’armistice signé, il renfile les gants et se lance à la conquête de l’Amérique. Alors qu’il se rend à New York, où il espère reconquérir le titre de champion du monde, le pugiliste meurt dans un accident d’avion.
Bertrand Galic propose une biographie assez classique. Conflit avec le patriarche, travail acharné, succès et décès dans des circonstances spectaculaires. Ajoutant à cela une relation avec Édith Piaf, tous les ingrédients sont réunis pour une bonne histoire.
La couverture laissait toutefois entrevoir autre chose. Le titre, Marcel, est écrit en gros caractères avec en tout petit Cerdan, le cœur et les gants. Le récit dévoile pourtant bien plus Cerdan (l’icône) que Marcel (l’homme). Ses femmes et enfants sont pratiquement absents et l’interprète de L’Hymne à l’amour joue à peine un rôle de figurante.
Le scénario accorde une large place aux séquences d’entrainement et de combats, ponctuées d’épisodes où le boxeur se bidonne avec les copains. Bref, une fois passés les épisodes de l’enfance, le bédéphile n’accède pas vraiment à l’intime.
Au terme de la lecture, le lecteur a tout de même le sentiment d’avoir rencontré un chic type, mais surtout un colosse qui met un peu de baume sur les plaies d’un Hexagone au tapis, dès le premier round, en 1940.
Le dessin aux accents expressionnistes de Jandro González est agréable. Les pugilats sont filmés de près avec une caméra qui se déplace très vite autour de l’action. Ces scènes sont admirables. L’artiste traduit du reste le charisme d'un personnage visiblement sympathique et heureux. La colorisation, généralement sobre (même les ciels du nord de l’Afrique ne sont pas d’un bleu franc), séduit, même si elle tranche avec un héros lumineux.
Un bel hommage à un géant étrangement oublié.
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