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’avènement du jeune Charles VI au trône de France ne se fait pas sans heurts. Certes, le nouveau monarque vient de soumettre la cité de Rouen et de lui faire payer chèrement sa rébellion. Cependant, plus au nord, Bruges est tombée tandis qu'à Gand, la situation n’est guère reluisante. Quoiqu’affamés et acculés, les bourgeois continuent à résister. Il n’en faut guère davantage pour que l’impénitent et bouillant Louis de Male, comte de Flandre, entreprenne un assaut pour les terrasser. Hélas, la sortie tourne au fiasco. Dans le même temps, à Paris, Tanneguy et la bande des gamins devenus ses amis surveillent de près les représentants de la ville qui complotent.
Quatre ans après Plus peine que gloire, France Richemond (Jeanne, la Mâle reine, Théodora, la reine courtisane), Tommasso Bennato (Mystic hearth, Le phare d’Alexandrie, L’homme qui voulut venger César) et Hugo Poupelin livrent la suite de la Couronne de verre.
Ce second tome se révèle aussi dense que le premier et tout aussi intéressant. La scénariste y développe notamment le caractère du monarque adolescent, ses ambitions et ses rêves. Elle s’attarde également sur Tanneguy du Châtel, personnage bien connu puisqu’il intervient dans Le trône d’argile, avec autant d’intrépidité et d’esprit chevaleresque. Dans cet épisode, il est plus que jamais question de loyauté et de choix, ceux-ci se révélant particulièrement coûteux pour certaines figures, tel que le messager Hennequin, fidèle au meneur rebelle Philippe Van Artevelde. Ces décisions, pour l’une ou l’autre cause, ponctuent des pages où la guerre et les combats font rage, sans merci, et y ajoutent une dimension tragique. Quelques retours en arrière viennent également éclairer différents éléments de contexte ou permettre de mieux appréhender la vision politique léguée par le défunt Charles V à ses fils, ainsi que leur éducation.
Toutefois, une des grandes forces de l’album réside dans le dessin de Tommaso Bennato. Celui-ci s’appuie sur une mise en image riche, aux cadrages variés permettant de plonger au cœur d’une action omniprésente. Malgré leur nombre conséquent à chaque planche, les cases conservent leur lisibilité et assurent le dynamisme de l’ensemble. De plus, l’artiste paraît aussi à l’aise pour restituer les villes flamandes sous la pluie, que les champs de bataille boueux, les bas-fonds parisiens ou les vastes salles chauffées du château de Vincennes.
Deuxième volet de qualité, Rozebeke morne plaine ne manque pas de tenir les lecteurs en haleine et de confirmer les atouts de la série.
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