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aphaël et Chloé, accompagnés de leurs enfants, Arthur et Anaëlle, découvrent Cinéphilix, une grande exposition sur le cinéma, de ses origines à aujourd’hui. Ils apprennent que ses balbutiements sont français ; cependant, dès les années 1920, c’est sous la gouverne des Américains que le septième art prend son envol. Contrairement à ses prédécesseurs (peinture, sculpture, littérature, etc.), dont les fondements remontent à la nuit des temps, celui de l’image animée définit ses codes (mouvements de caméra, types de plan, etc.) en quelques décennies à peine.
Le livre propose un vaste tour d’horizon. En compagnie du quatuor de visiteurs, le lecteur voit naître un art, mais également une technologie et un commerce. Georges Méliès, les frères Lumière, Alice Guy ou Thomas Edison, ces personnalités sont connues, le récit a toutefois le mérite de les inscrire dans une chronologie cohérente. Ces pages demeurent les plus intéressantes.
L’industrie évolue très vite : tous les pays s’y mettent, la technique fait des pas de géant et les cinéastes remettent en question sa grammaire. L’auteur tente alors d’aborder tous les sujets. À chacune des escales, il pointe quelques éléments significatifs… et c’est tout. Avec ses cinq-cent-cinquante noms de personnes et quatre-cent-cinquante titres de films, l’index donne du reste le vertige.
Le ton se montre aride et le propos décousu. Comme il n’y a pas de réel fil conducteur, les planches pourraient être lues dans le désordre, sans que cela ne change quoi que ce soit. Peut-être cette bande dessinée doit-elle être comprise comme une porte d’entrée. Par exemple, si le bédécinéphile se questionne sur la Nouvelle vague, il découvre, en une dizaine de cases, les principaux enjeux et protagonistes du mouvement français. Il en sait alors juste assez pour entreprendre ses propres recherches.
Il y a peu à dire sur le dessin de Marie-Sophie Moreau. Son trait, passe-partout, se laisse oublier pour donner toute la place aux pastiches d’affiches et de scènes de film.
Cinéphilix constitue une créature hybride. Un ouvrage de référence bien documenté, flanqué d’une trame narrative un peu factice, portée par des dialogues lourds et didactiques. En fait, pourquoi ne pas congédier les comédiens pour en faire un documentaire ? Un livre à consulter, quelques pages à la fois.
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