D
ans un New York post "11 septembre", Soda se retrouve impliqué dans un potentiel attentat terroriste. En conflit avec sa hiérarchie en pleine obsession sécuritaire, il mène l'enquête de son côté, épaulé par Bab's et Tchaichowski. Il croise la route d'un "nettoyeur", chargé de l'éliminer pour protéger un mystérieux réseau. Il est contraint de l'abattre. À sa grande surprise, il découvre que le porte-flingue n'est autre que son ancien chef, Pronzini, officiellement mort dans l'effondrement des tours jumelles. Ce dernier lui confie alors une clé USB contenant sa confession et des informations essentielles pour faire tomber l'organisation qui l'emploie. Voilà plus ou moins le résumé du premier volet de ce diptyque, qui trouve enfin sa conclusion avec Révélations.
Cet étrange projet fut entamé en 2014. Au dessin, Dan succédait à Bruno Gazzotti, trop accaparé par Seuls, et peut-être moins en phase avec le ton des derniers épisodes de la série. En effet, les scénarios de Philippe Tome prenaient un virage plus sombre. Le décès de ce dernier a porté un coup d'arrêt à la réalisation de la deuxième partie de ce récit. Une trentaine de planches seulement étaient scénarisées. La sortie de cet album était devenue une arlésienne.
Puis, la série a été relancée par Bruno Gazzotti, avec l'aide d'Olivier Bocquet. Mais ce retour posait un problème de ton. Alors que Prières et Balistique et Code Apocalypse représentaient un virage plus contemporain, Le Pasteur sanglant jouait la carte de la nostalgie en replongeant Soda dans les années quatre-vingt. De plus, d'un point de vue éditorial, le dessinateur a exigé de sanctuariser les douze premiers épisodes, ce qui implique que toute nouveauté serait considérée comme un hors-série. Que faire d'un tome 13, exclu de fait de ce canon, et encore plus d'un éventuel quatorzième ? Sans doute le regain d'intérêt du lectorat aura-t-il convaincu Dupuis d'enfin réaliser cette suite. Falzar et Zidrou ont été mandatés pour conclure l'histoire, sur base des notes laissées par Tome, et Dan, s'est attelé à dessiner les dernières planches.
Révélations débarque donc avec un mélange d'attente, d'appréhension et avec ce goût étrange de la dernière contribution d'un grand nom de la bande dessinée franco-belge des années nonante et deux mille. Le résultat se révèle malheureusement assez frustrant. La modernité insufflée dans Résurrection était pourtant intéressante, entre autres du fait de l'irruption de la surveillance centralisée. Les enjeux posés dans la première partie ne débouchent pas sur grand-chose. La confession de Pronzini n'apporte finalement rien de neuf. L'intrigue manque de mordant pour n'aboutir qu'à une conclusion bancale et maladroite. La référence à un autre personnage créé par le scénariste de Spirou sonne faux, parce que cela entraîne Soda sur un genre auquel il n'a jamais appartenu. Il est plus probable que cette révélation finale était prévue depuis le début, même si elle est devenue, au vu des circonstances, une sorte de méta-hommage.
C'est avec un sentiment mitigé que se conclut la lecture. La tristesse de lire ce qui sera le dernier scénario d'un des grands noms de ces trente dernières années se conjugue avec la déception d'un récit qui paraît mal maitrisé et finalement décevant.
A part un choix de couverture assez dégueulasse, le plaisir de lecture est bien là ! C'est nerveux, bien construit et c'est SODA ! Seule la fin étonnante et absolument pas crédible pour un sou m’empêche de mettre une note supérieur à ce diptyque si attendu.
Suite à son enquête sur les événements du 11 septembre, SODA a découvert des éléments l'ayant amené en remettre en question la version officielle quant aux responsables de l'attentat. Dès lors, notre héros devient la cible d'un tueur à gages à la solde des "vrais" responsables des attentats, et lui ainsi que son entourage sont plus en danger que jamais.
Un SODA très sombre qui conclut joliment l'intrigue entamée il y a dix ans dans le tome 13.1 "Résurrection", sans doute l'album le plus polémique de la série en raison des thèses conspirationnistes développées par le regretté Philippe Tome dans cet opus. Le scénario du présent album reste dans la même veine mais est parfaitement mené, la lecture étant accrocheuse jusqu'au bout.
Les dessins de Dan ne valent pas à mes yeux ceux de Gazzotti mais restent excellents et parfaitement dans l'esprit de la série, et ont su contenter le fan de la série que je suis.
Seul (léger) bémol à mes yeux : le "twist" final (qui peut-être vu comme un clin d’œil sympathique à un personnage créé par Tome dans le tome 35 de la série SPIROU & FANTASIO) n'est guère crédible et pas vraiment dans l'esprit de la série. Un élément qui ne m'a toutefois pas empêché d'apprécier comme il se doit cet album, qui n'a pas à rougir de la comparaison avec ses prédécesseurs.