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ecueilli bébé par le clan Inari, Caleb, chat-samouraï, arpente l’île d’Onogoro en enquêtant au gré de pérégrinations parfois dangereuses. Tombé aux pattes velues de Célestin, chef d’une bande de malandrins, le matou ne se démonte pas. Il a un atout dans sa manche : Doglass, son domestique, prompt à allumer une mèche pour le sauver. Réchappés du traquenard, les compères se rendent à Chidori. La ville baigne dans une atmosphère musicale, et Caleb compte s’y faire employer pour renflouer ses fonds. Mais d’abord, à la soupe ! Et c’est là que tout dérape.
Bien établi comme auteur jeunesse, Loïc Clément (Mitsuko, Armelle et Mirko, Héloïse et les larmes de givre) lance une nouvelle série alliant aventure et humour, sur fond d’un monde rappelant le Japon médiéval : Les larmes du yôkaï.
Le récit est introduit par une séquence montrant comment le personnage principal a rejoint la lignée Inari, faisant entrapercevoir une épée magique. Puis, un saut dans le temps apporte un changement de ton, plus léger. Les demi-sourires naissent aux réparties du « chat-mouraï » gouailleur, tandis que les tribulations s’enchaînent au gré des boulettes du protagoniste et de son fidèle compagnon. L’action ne manque pas plus que les rencontres. Si Caleb est plutôt bien campé, les figures secondaires n’en sont pas moins intéressantes, notamment Béryle, la patronne d’un restaurant. Les méchants, eux, ne brillent guère par leur esprit et il faut attendre le dernier tiers de l’album pour qu’un antagoniste d’un autre acabit apparaisse enfin. Quant aux lames, si quelques indications sont distillées par petites doses, leurs pouvoirs n’apparaissent vraiment que sur la fin. En parallèle, une enquête sert à lier les divers éléments. Touchant à l’écologie, elle est réglée en un tournemain dès que le héros et Doglass s’en occupent vraiment ; pour autant, plusieurs indices affleurent en cours de cette aventure donnant parfois l'impression de partir dans tous les sens.
Illustrant cette histoire rocambolesque sur un storyboard de Stéphane Benoît, Margo Renard (Gabie aux craies de couleur, Le royaume des licornes) croque avec vivacité et expressivité la galerie de bestioles anthropomorphes. Son découpage et sa mise en scène se révèlent soignés et dynamiques, par le biais de planches plus ou moins denses, quoique toujours lisibles. Surtout, le lecteur y retrouve les détails architecturaux comme vestimentaires nippons espérés. L’ensemble est habillé par les couleurs pleines de pep de Grelin (Trousse boy)).
Divertissant et ne manquant pas d’allant, Les abeilles se cachent pour nourrir offre un sympathique moment de détente. Un début somme toute honnête pour cette série jeunesse.
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