A
près deux ans d’attente et un changement de maison d’édition, le feuilleton fantastique part dans un quatrième cycle narratif, proposant aux fans deux albums en cette année 2024.
Dodji et ses amis se sont retrouvés. Guidés par une étrange pie douée de parole, les « tigrés » se lancent à la recherche des huit fragments qui leur permettront de reconstituer l'âme de Jézabel, une alliée potentiellement puissante. Suivant les instructions de Lex, se basant sur un poème de Françis Ponge, ils doivent parcourir l’océan jusqu’à débarquer dans un mystérieux jardin d’hiver. Ce dernier se trouve dans un hôtel abandonné, où vit l'Enfant-Miroir...
Fabien Vehlmann s'inscrit dans la continuité de l’univers qu’il a créé tout en proposant des nouveautés susceptibles de surprendre légèrement son public. Précédemment, il lançait ses héros dans une quête pour quitter définitivement les limbes. En évitant les facilités narratives, le scénariste a posé de nouvelles règles, qui lui permettent de développer encore l’exploration du monde original, qui fait de Seuls une série atypique. Le passage vers le paradis n’est possible que si la paix est assurée dans les limbes. Ainsi, les bédéphiles devinent aisément que ce parcours sera semé d’innombrables embuches. C'est le cas dans ce quinzième opus qui relève davantage de la transition que de l'avancée marquante de l'histoire dans sa globalité.
Ce point peut agacer quelques lecteurs, mais il a son importance pour poser le début d'un jalon supplémentaire de l'intrigue générale et il serait injuste d'oublier que le tome précédent a apporté énormément de révélations. Ici, l'auteur en ajoute deux de plus. La première réside dans la confidence faite à Dodji concernant la conclusion des réflexions d'Anton sur la corrélation des temporalités entre les vivants et les morts. La seconde, quant à elle, renseigne sur les véritables causes de la mort de Camille, qui subit une évolution en fin d'album. Certes, Vehlmann propose bien un récit comportant des éléments pour la suite, avec au passage de bonnes scènes d'émotions et d'actions, de celles qui font le charme de la série.
Ce dernier point est aussi largement dû au travail graphique de Gazotti. Le dessinateur opte pour une organisation de planches plutôt classique, mais adaptée puisqu'elle parle à un large panel de lecteurs. Son dessin est toujours aussi lisible et détaillé. En un mot : efficace. Le tout est souligné et mis en valeur par le travail de colorisation d'Usagi.
Les évènements de L'hôtel au bord du monde laissent présager d'aventures multiples à venir pour leurs jeunes héros. Vivement la suite afin de voir comment ce nouvel arc va évoluer.
De nouveau un épisode de transition, qui ne fait pas beaucoup avancer l'intrigue générale de la série. Outre le dessin toujours aussi plaisant, la seule réelle satisfaction de ce tome sera finalement d'apprendre les vraies causes de la mort de Camille.