D
ans un village montagnard reculé, les habitants souffrent des affres d'un hiver sans fin. Le vénérable doyen apprend aux hommes qu'il s'agit d'un caprice du Dieu-loup qui, jadis, apporta l'abondance. Pour l'apaiser, un sacrifice humain est nécessaire. Les villageois et l'ancien désignent de concert un jeune esclave, malmené par tous depuis qu'il a été échangé à un marchand pour une botte de foin. Acceptant de bonne grâce son sort, l'enfant est préparé. Néanmoins, la divinité refuse de le dévorer. C'est à ce moment que l’aventure commence.
Le label Doki-Doki étoffe son catalogue avec ce titre sorti en 2022 au Japon et qui a tous les éléments pour devenir une agréable série de fantasy. En effet, derrière les critères classiques de ce type de récit (enfant abandonné cachant un destin hors du commun, mentor bougon, villageois idiots, parcours initiatique...), Yomoko Yamamoto parvient à glisser quelques nouveautés intéressantes. Tout d'abord, l'importance de la Nature et tout particulièrement les fleurs. En effet, ces dernières sont liées aux dons des différente divinités présentes ou passées, et jouent un rôle crucial dans l'avenir de certains protagonistes. Le mangaka dessine les plantes avec minutie, ce qui profite agréablement aux décors.
Le deuxième point intéressant du titre réside dans l'aspect non manichéen du tandem de personnages principaux. La créature fantastique d'un aspect rustre devient pédagogue attentionné de l'ancien esclave. Puis, au fur et à mesure de l'avancée du récit, les lecteurs devinent que la divinité a non seulement bien compris la véritable nature de l'enfant mais aussi qu'elle en sait beaucoup plus sur les évènements à venir et donc sur la nécessité d'éduquer Tsubaki au respect de l'environnement. Troisièmement, l'auteur évite l'écueil du duo partant à la découverte uniquement pour tomber sur un ennemi retors, rencontre prétexte pour énoncer une leçon de morale. Aux deux-tiers du tome, les otakus apprennent qu'il existe d'autres enfants comme le personnage principal, dont l'un est à la tête d'un État. D'ailleurs, les hommes de mains de ce leader politique viennent prêter main forte aux héros de l'histoire. L'intrigue passe alors à un autre plan thématique.
Enfin, l'ambiance que Yamamoto parvient à créer dans son titre est particulière. Le scénariste emprunte beaucoup aux religions animistes de son pays. Forts présents dans les contes européens, les loups étaient plus rares au Japon et donc vénérés et considérés comme les messagers des dieux, telle Okuchi-no-Makami, la louve gardienne savante qui protégeait les humains du malheur, du feu et du vol. En s'inspirant de différentes légendes, en partageant une passion pour les fleurs et en offrant une intrigue à plusieurs facettes, ce titre se distingue de la masse de mangas fantastiques.
Le trait de Yomoko Yamamoto demeure classique, mais efficace. Les divinités bénéficient d'un aspect plaisant et d'une certaine prestance. Le mangaka s'amuse avec le visage de Tsubaki, lui donnant un aspect souriant reflétant la naïveté du personnage, ou bien en passant au super deformed / kawaii dans les moments comiques.
Aux côtés du Dieu-loup dégage une atmosphère onirique qui plaira aux amateurs de fantasy.
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