A
près le très bon et orignal Love nest, Charles Burns revient à ses amours avec cette relecture personnelle des comics romantiques qu'il apprécie tant.
Le format peu habituel de cet ouvrage, le fait osciller entre l'album et l'art-book, rendant encore plus appréciable le travail de l'artiste. Le strip, si présente dans les bandes dessinées pulp américaines, lui permet de revisiter leur esthétique si marquée. Les bédéphiles ont sous les yeux un trait maîtrisé et fort joli, tenant en une seule case. Ainsi, l'unique dessin proposé sur la planche permet aux lecteurs d’échafauder des hypothèses, de chercher des interprétations. L'architecture de Sweet dreams fait qu'une solution leur est proposée quelques planches plus loin, usage répété jusqu'à la fin de l'album.
Grâce à ce procédé, le scénariste brise la narration somme toute basique des comics romantiques. De plus, il casse la représentation de la gente féminine qui y était véhiculée. La jeune femme dans son lit est un motif récurent, omniprésent dans l'imagerie qu'il détourne. Chaque personnage est confronté à son propre rêve, ce qui permet à Burns de revisiter ses thèmes de prédilection : la métamorphose, l'idéalisation du corps des femmes dans la société de consommation, le désir féminin, la sensualité, la sexualité, les cauchemars. Les lecteurs les plus avisés peuvent aussi y voir une critique du regard masculin qui a façonné la représentation genrée dans la culture occidentale.
Avec Sweet dreams, Charles Burns prouve sa maîtrise graphique et son amour pour l'iconographie des comics des années 1950. Il joue avec leurs codes qu'il éclate avec talent pour le plus grand bonheur de ses amateurs.
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