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epuis un siècle, les Tetzas surgis d’un portail spatiotemporel sèment le chaos sur Terre. Jusqu’ici, seule une zone d’exclusion et la présence des Iron Kings (IK) a permis à l’Humanité de résister. Anita Marr est le pilote vedette de Cordonware, l’une des cinq corporations qui ont supplanté les États. Avec le tout nouveau modèle d’IK, le «Dawnrunner», elle pourrait, peut-être, changer le cours des évènements…
Sans être un spécialiste du kaijū eiga, ni un amateur de Neon Genesis Evangelion ou bien encore un aficionado de Guillermo del Toro ou un fervent admirateur de Ghost in the Shell, impossible de manquer Dawnrunner tant l’album est doté d’un plan de communication susceptible d’attirer le plus grand nombre. Cette première coopération entre Ram V (scénario) et Evan Cagle (dessin) était pour le moins (très) attendue et pour l’occasion, le marketing d’Hi Comics a mis les petits plats dans les grands ; résultat, un one-shot au format généreux, un dos toilé marqué à chaud, une mise en couverture des plus soignées et un print pour la 1ère édition, sans parler de cette version N&B exclusive « made for France » particulièrement travaillée mais à réserver pour Noël, eu égard à son prix !
Mais un tel objet et un plan marketing millimétré suffisent-ils à faire un succès ? Probablement oui, dans la mesure où cet album sort objectivement de l’ordinaire. Cependant, deux ou trois petites « faiblesses » viennent gâcher la fête !
Tout d’abord, bien que Ram V prenne soin d’emmener rapidement ses lecteurs au-delà d’une guerre réduite à des joutes médiatisées pour aller explorer une kyrielle d’autres thèmes plus métaphysiques (la mort, le sens d’une vie, l’amour, le pouvoir, « l’utilité » d’une guerre des Mondes, le transhumanisme, l’impossibilité à communiquer…), ceux-ci laissent une indicible impression de déjà-vu comme de déjà lu ! De fait, si le co-scénariste de Selina Kyle : Catwoman réussit à orchestrer l'intégralité des figures qu’il s’est imposé, il ne peut, le nombre faisant et le format limitant, toutes les développer avec l’attention requise et la créativité souhaitée. Aussi beaucoup de questions restent en suspens et moults points demeureront dans l’ombre. À l’évidence, Ram V a probablement péché par excès : qui trop embrasse… mal étreint.
Pour ce qui relève de la partition graphique, il est difficile de croire qu’Evan Cagle puisse faire, en matière de Comics, ses premières armes ici, tellement sa prestation est parfaitement maitrisée. Toutefois, si son travail en N& B est superbe de minutie, de finesse, de précision et de profusion, les scènes de combats manquent cruellement de relief et de différenciation tant l’enchevêtrement des cases comme l’intensité des traits, des trames ou des encrés grattés font ressembler certaines vignettes à des stéréo-tests de Lang, ce qui ne permet pas d’apprécier, à leur juste valeur, ni l’action, ni sa dynamique ! Cette constatation est d’autant plus frustrante que la majeure partie des planches est d’une belle fluidité et fort bien agencée.
Malgré lui, Dawnrunner pâtit d’un niveau d’exigence (plus que) proportionnel à l’attente suscitée. Ce qui serait passé inaperçu sur d'autres comics, interpelle ici ! Quoi qu’il en soit Ram V et Evan Cagle signent un beau titre auquel il manque seulement un « petit rien » pour en faire un grand album.
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