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space confédéré, Terre, Brésil, école militaire internationale, 2280. L’ambitieux Caleb Swany reçoit avec les honneurs son diplôme de fin d’études. Il souhaite devenir le premier diplomate humain, la Terre étant la dernière planète ayant rejoint la Confédération. Le dignitaire Evona Toot lui propose un stage sur Orbital, à l’ODI, le siège de la Confédération. Pendant ce temps, sur la planète Drenn, dans la cité Midaluss, immense cité balnéaire pour résidents richissimes, sa sœur Kristina, dont la fugue et les premières aventures ont été narrées dans le tome précédent, vole un aérospeed avec son complice Zachary. Ils le revendront à Tekawa, figure de la pègre locale. Cette dernière propose alors aux jeunes bandits un gros coup : dérober un modèle unique d’engin volant de grande valeur lors d’une exposition-vente à Midaluss. La capitaine Tetrana, à la tête de la police, est à leurs trousses et vient d’identifier Kristina. Par ailleurs, les Radoims voient d’un mauvais œil la présence du tandem dans la subzone, bidonville et décharge de Drenn. Enfin, le massacre qui mit fin au Cartel des Cimes a laissé des survivants, dont une Matriarche et Bardal, un de ses lieutenants. Assoiffés de vengeance, sans limite dans l’exercice de la violence, ils sont bien décidés à remonter jusqu’à ceux qui ont causé leur déclin.
Sylvain Runberg, créateur de l’univers Orbital (huit tomes parus entre 2006 et 2019) livre ici le second épisode de son spin-off Outlaws. Le premier, Le Cartel des Cimes, avait laissé Kristina et Zachary fraîchement affranchis et décidés à monter leur propre trafic. Illustrée par Éric Chabert (New Byzance, Shadow Banking), cette saga, au-delà des rebondissements accrocheurs de l’intrigue, aborde les sujets du racisme anti humain et des économies parallèles. Sylvain Runberg n’a plus à faire ses preuves en termes d’écriture scénaristique. L’ensemble est maîtrisé et cohérent, sans être pour autant prévisible. Outlaws, comme sa série-mère, est donc un véritable page turner. Le graphisme, en couleurs directes, dominé par de nombreuses nuances de gris, est une fête pour qui aime le space opera. Vaisseaux spatiaux déments, architecture futuriste, luxe et misère, accumulations diverses, étendues écrasantes, tous les vertiges du genre sont couchés sur les planches. Convoquant aussi bien Valérian que Star Wars ou Le cinquième élément, les pinceaux de Chabbert ne connaissant pas de limite ni d’à-peu-près.
Les amateurs d’Orbital peuvent se tourner sans crainte vers Outlaws ; celles et ceux qui ont apprécié Le Cartel des Cimes peuvent poursuivre l’aventure avec Les Rivages de Midaluss. Pour les retardataires, bienvenue au sein de ce monde dans lequel la frontière entre le Mal et le Bien n’est pas aisée à discerner, multipliant les clins d’œil troublants à un monde familier. La suite – l’inévitable confrontation entre la sœur et le frère – est attendue de pied ferme.
Une BD de space-opéra très réussie, dans la lignée des albums de la série-mère ORBITAL, que ce soit graphiquement (avec un dessin et une colorisation similaires, donc forts agréables) comme dans l'esprit du scénario (qui mêle action bien pêchue, suspense et enjeux politiques).
Comme dans ORBITAL, l'univers décrit (races extraterrestres, décors, gadgets futuristes ...) est très original. Ajoutez à cela une mise en page efficace et dynamique, des cadrages audacieux, de l'action survitaminée et des personnages "badass" et vous comprendrez que la lecture soit extrêmement plaisante.