L
e monde a bien changé. L’humanité telle qu’elle a existé pendant des millénaires n’est plus et les humains ont laissé la place aux humonstres depuis l’apparition du darkworld. La mer de sable qui s’est installée a tout reconfiguré, séparé les villes et rendu la terre moins nourricière. À présent, les artefacts structurent les relations sociales : ces armes maudites aux pouvoirs très puissants attirent la convoitise. Pour l’essentiel, ce sont des mineurs – organisés en guilde – qui mettent le grappin dessus, dans le seul but d’asseoir leur influence. Isha et Nérude ne partagent pas cet état d’esprit. Elles sont devenues des forgemaudites, des spécialistes des artefacts enfouis, désireuses d’en apprendre plus sur le monde et ses bouleversements à travers ces curieux objets. Après des années à voyager, les voici à deux doigts de mettre la main sur la Lance du destin…
En 2021, Valentin Seiche écrit une histoire d’une vingtaine de planches, Maudit où sont posées les bases d’un univers teinté de fantasy. Ce qui aurait pu rester comme une courte récréation entre deux albums devient finalement le début d’une aventure plus vaste. Dans Darkworld, l’auteur de Samurai Gunn reprend ainsi le personnage d’Isha mais situe l’action plusieurs années après. L’ambiance est post-apocalyptique et l’intrigue bien plus aboutie. Après une entrée en matière dramatique, ce sont des questionnements profonds qui émergent, quant au sens de la vie et à la manière de faire le bien. Dans un style proche de ce que peut proposer la littérature young adult, le récit prend les allures d’une forme de déambulation et d’introspection. Il fait également immédiatement écho aux problématiques qui agitent nos sociétés contemporaines, en faisant le pas de côté nécessaire à les rendre compréhensibles. Avec un style graphique influencé par le manga et le jeu vidéo, Valentin Seiche propose un ouvrage qui a tout pour séduire les passionnés de franchises telles que The Legend of Zelda. Ce n’est, d’ailleurs, pas un hasard si le projet s’accompagne du développement d’un jeu (et la création, spécialement pour l’occasion, d’un studio, Pixel Fortress).
Darkworld est donc une lecture assurément plaisante mais qui peut, aussi, s’avérer légèrement frustrante. D’abord du fait de l’impression que le potentiel de l’univers créé n’est pas pleinement exploité. Plusieurs indications sont données pour comprendre ce nouveau « monde sombre », mais de nombreux éléments, évoqués de manière incidente, sont finalement mis de côté, non utilisés. Par ailleurs, si les messages véhiculés sont pertinents, ils peuvent avoir tendance à se chevaucher, s’étouffer l’un l’autre. Si l’intention de l’auteur de donner une profondeur sociale à son œuvre est parfaitement perceptible, le résultat reste ainsi relativement superficiel. Ce sentiment est renforcé par la pagination relativement modeste de l’histoire principale.
Darkworld est un album agréable, déployant un univers qui mériterait d’être enrichi.
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Pour suivre l’actualité autour du jeu vidéo DARKWORLD : Cursesmith Assistant, voir la page dédiée sur Steam.
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