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aya, 19 ans, vit à Téhéran. Avec ses mèches roses, son piercing et son maquillage, elle se fond difficilement dans la masse en tchadors. Elle ne le souhaite pas et cherche à affirmer fièrement son identité lesbienne. Mais rien n’est plus difficile dans un pays dirigé par les mollahs et où la police des mœurs tient à l’œil toute velléité de contrevenir à la loi islamique. Les perspectives de la jeune femme sont minces, comme le lui a rappelé la jolie Mona, son ex. C’est donc auprès de son ami Kian que Raya laisse libre cours à ses rêves d’un ailleurs meilleur.
Persona non grata en Iran, la communauté LGBTQIA+ n’en essaie pas moins de résister aux pressions exercées par le régime théocratique en place et contribue, malgré un prix à payer lourd – exécution ou centaine de coups de fouet… L’héroïne d’Iranienne appartient à cette jeunesse voulant bousculer les choses ; elle cumule les « mauvais points » au regard de la société phagocytée dans laquelle elle évolue tant bien que mal : homosexuelle, punk, tatouée, maquillée, crâne à moitié rasé. Sa révolte, légitime, s’inscrit dans les pages nourries de faits réels que scénarisent Éric Darbré et Aran de Shahdad.
Dès l’ouverture, Raya dénote, par son look et son comportement, ce qui lui vaut des regards noirs et un jugement sans merci. De l’accrochage avec Mona à l’escapade avec Kian à Ormuz, présenté comme un lieu de villégiature où tout serait possible, même et surtout ce qui est condamné ailleurs, les auteurs ont à cœur de montrer à la fois la dureté du régime, le contrôle de chaque instant et… le règne des faux-semblants. Dangers et délation sont donc au rendez-vous. Il est également question de la famille de l’héroïne et de leurs convictions, passées et actuelles. Enfin, confiée à Zainab Fasiki (Hshouma), la partie graphique s’avère efficace. Malgré un aspect souvent sommaire, sinon caricatural, le trait de l’artiste marocaine se révèle expressif et campe les personnages dans de grandes cases aux décors très simples. De larges aplats de couleurs contrastées habillent le tout avec plus ou moins de bonheur.
Publiée dans la collection MaraBulles, Iranienne est une BD engagée faisant résonner la voix d'un groupe opprimé.
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