356 avant Jésus Christ, l'Artémision d’Éphèse est la proie des flammes. À l’origine de la destruction de l’une des sept merveilles du monde antique, un illustre inconnu : Érostrate.
Pour expliquer son geste, ce pyromane narcissique aurait invoqué son obsession à se voir à jamais inscrit dans les tablettes de l’Histoire. Afin qu’il n’en fût rien et que son fait n’enflammât pas les esprits et ne suscitât pas de nouvelles vocations pyrotechniques, les édiles locaux décidèrent que quiconque prononcerait son nom périrait lui aussi par le feu. De quoi éteindre toute velléité à vouloir le faire passer à la postérité !
Aujourd’hui Érostrate renait de ses cendres grâce à Martin Veyron qui lui invente une vie sur-mesure, la sienne étant partie en fumée ! Ainsi, l'ex récipiendaire du Grand Prix de la ville d'Angoulême ose un parallèle entre la Grèce ancienne et aujourd’hui qui ne manque pas d’à-propos et d’humour, mais nécessite, face à la pléthore de références helléniques, de réviser ses classiques. En effet, si Praxitèle ou Diogène suscitent quelques souvenirs, Hypéride ou Phryné demeurent plus confidentiels. Ce pourrait être le principal reproche adressé à cet album qui impose de compulser son Who’s Who attique ce qui pousse, parfois, à brûler les étapes en sautant quelques planches. Il en est de même pour le volet graphique qui œuvrant lui aussi dans un registre riche et parfois bavard altère, ponctuellement, la fluidité d’une lecture qui, par instant, peut devenir laborieuse.
Sous les feux de l'actualité bédéstique du moment, Érostrate signe le retour de Martin Veyron qui, pour l’occasion, offre une belle mise en perspective sur l’intemporalité des travers humains et, accessoirement, sur les tendances nombrilistes de ceux qui font feu de tout bois pour une seconde d'éternité : Je suis liké(e) donc je suis !
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