S
a fin est proche, la Mort elle-même vient lui rappeler : il ne lui reste plus qu'une nuit. Elle passera ses dernières heures avec Apolline, la seule fille du bordel en qui elle a assez confiance pour lui confier son établissement et ses secrets. Elle lui montre sa biographie écrite par le capitaine Johnson, un recueil d’inepties qu'elle compte bien démentir avant de tirer sa révérence !
Claire Richard est une réalisatrice de podcasts et une écrivaine. Elle réalise sa première bande dessinée, adaptée d'une de ses créations radiophoniques. Elle utilise une narration originale en ce sens qu'elle pose un regard critique et malicieux sur un grand mythe féminin de la piraterie. Ces aventurières ont toujours enflammé l’imagination, avec une quête à la clé : trouver la femme derrière la légende, avec ses défauts, ses contradictions, mais libre et pionnière en son temps. Le lecteur assiste à la confession d'Anne à sa successeure , et des flash-back illustrent ses péripéties. Celles-ci sont entrecoupées d'interventions de deux historiens qui opposent leurs arguments et leurs théories. En effet, il y a finalement peu de témoignages fiables de la vie de cette figure historique. Ce procédé dynamise et apporte également une touche d'humour dans le scénario. Captivant !
Alvaro Ramirez a d'abord travaillé dans l'animation avant de prendre les crayons. Il propose ici un dessin caricatural avec un trait assez lâché qui sert le propos. Les mouvements sont bien retranscris, ainsi que les expressions des personnages. Le découpage reste très classique. Les couleurs lumineuses, associées au graphisme, font de cet lecture un agréable moment.
Vérité ou pas, cette lecture suscite de l'empathie et provoque une certaine émotion pour une personne qui, certes, n’était pas une sainte, mais sera allée au bout de son destin et de sa légende.
Une fois que l'on s'est fait au dessin, expressif mais limite caricatural, on est de toutes façons pris par l'histoire qui revisite la piraterie deu XVIII° dans les caraïbes sous un jour tout à fait inattendu mais somme toute plausible. Et l'intervention de la Mort dans les dernières pages, on dirait du Pratchett. J'adore.