« C’est épuisant de tenter de construire une notoriété dans un monde factice. »
Les influenceurs existent depuis la nuit des temps. Cependant, jusqu’à tout récemment, il fallait avoir fait ses preuves pour prétendre guider le peuple. Avec Instagram, YouTube et Tik Tok, la fonction s’est démocratisée. Gurvan Kristanadjala en décortique le mécanisme.
Le propos se montre sérieux, mais le ton demeure léger et rigolo, un peu comme celui de Marion Montaigne (Tu mourras moins bête, Dans la combi de Thomas Pesquet). Ne reculant devant rien pour démontrer la vanité des vedettes de l’internet, le journaliste transforme son chien en gourou quadrupède, dont le succès se révèle tout relatif. Cette quête de célébrité canine parcourt l’album et constitue un intéressant fil conducteur.
Le reportage expose une mécanique bien huilée : photos retouchées, pièges à clics, partenariats lucratifs, sans oublier l’achat d’abonnés et de « likes ». Ces éléments sont connus, quoique peut-être pas par une jeunesse en manque de repères et en quête de gloire facile.
La première partie s’attarde principalement à la commercialisation de ces plateformes sur fond de promotion du mode de vie à l’américaine. La seconde se concentre essentiellement sur les impacts sociaux (notamment le surtourisme) et la tentative d’appropriation des codes, souvent maladroite, par des politiques. Il semble toutefois que certains pays, nommément la Chine, ont appris à s’en servir pour influencer la sphère géopolitique. L’auteur aurait probablement pu évoquer la désinformation russe ou les influenceurs religieux dont les prêches obtiennent un rayonnement inespéré.
Joseph Falzon propose un dessin caricatural relâché rappelant celui de Jul. Ses personnages, quoique rapidement esquissés, sont suffisamment caractérisés pour apparaître aisément reconnaissables. La subtilité n’est pas au rendez-vous, mais le trait a le mérite d’être efficace, de provoquer le sourire et, surtout, d’inciter à poursuivre la lecture.
Il y a peu de grandes révélations dans Qui m’aime me suive - Bienvenue dans le monde des influenceurs. L’intérêt de l’ouvrage consiste cependant à faire les liens et présenter l’ensemble comme un tout cohérent, une suite logique d’événements.
Souhaitons que ce livre se taille une place dans les bibliothèques scolaires, après tout, l’album figure au catalogue de TOPO, une collection destinée à un public adolescent.
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