Les mages de Bonaparte

G izeh, 1798. Après les succès du général Bonaparte et craignant son influence et sa popularité, le Directoire le missionne en Égypte pour lutter contre les Anglais. Le militaire n'est pas dupe des raisons politiques de son éloignement géographique mais, rusé, il en profite pour chercher des sorts afin de renforcer son armée. Vainqueur, accompagné de Nicolas Chardonneray et de l'adjudant Guillaume Reboutand, il s'empare de mystérieux parchemins afin que Gaspard Monge les examine. Plus tard, les deux soldats sont rappelés par leur chef devenu empereur. Ce dernier leur apprend que les papyrus ont disparu après la visite du Tsar. Ordre leur est tdonné de suivre l'ambassadeur de Caulaincourt en Russie pour récupérer les documents. Malheureusement, la mission se révèle plus compliquée que prévu pour les deux mages grognards...

Le romancier Olivier Gay propose un scénario mêlant histoire et fantasy, registre dans lequel il a déjà fait ses preuves chez Drakoo. Dans ce one-shot, il invite les lecteur dans la période napoléonienne qu'il revisite en y incluant des éléments magiques. Le dosage est bon, afin de ne pas irriter les fans de la Grande Armée. Le scénariste reprend les noms des bataillons auxquels il ajoute ceux des mages, ainsi que leur garde du corps. Déjà narrées par l'ogre corse lui-même, les batailles en deviennent encore plus spectaculaires, particulièrement la première qui ouvre cette bande dessinée. L'auteur parvient à placer plusieurs hommes politiques ayant existé, dont Talleyrand, et s'amuse avec lui à donner un sens concret à son surnom de "diable boiteux". Une fois le cadre posé, l'intrigue avance vite en suivant le trio des protagonistes principaux lors de leur périple sur les pas de l'ambassadeur. C'est l'occasion pour le romancier de s'amuser avec d'autres créatures issues des classiques du fantastique. Le dénouement final comporte des retournements de situations plaisants. Un ombre dans le tableau : l'intrigue avançant vite, certains personnages ne sont pas assez développés. Le cliffhanger final peut amener à espérer une suite, alors qu'il est mentionné "Histoire complète" sur la tranche de l’album. Le potentiel d'une belle série est là et il n'y aurait qu'un tome ?

Les dessins de Brice Bingono, accompagnés judicieusement par la colorisation de Nuria Sayago, sont très appréciables. Les personnages historiques sont aisément reconnaissables. Les décors et les costumes sont bien ceux de l'époque. Les éléments magiques sont parfaitement intégrés à l'ensemble, sans faux raccords. En dépit d'une composition de planches assez classique, le dessinateur parvient à donner du rythme et du dynamisme lors des scènes de batailles. Ces choix de cadrages lors des phases d'explication sont tout à fait plaisants.

Les mages de Bonaparte est un album de fantasy historique bien mené, agréable à lire et divertissant, qui aurait mérité d'être décliné en série sur plusieurs tomes.