19 mai 1981. Valéry Giscard d'Estaing, président de la République sortant battu aux élections, s'adresse aux Françaises et aux Français, après un silence, avec ces mots : " Que la Providence veille sur la France. Au revoir." Cette dernière phrase est passée à la postérité, tant le moment a été marquant. Avec son style de technocrate guindé, l'ancien président fut la cible de railleries par les comiques de son époque et par les marionnettes en latex d'une chaîne de télévision cryptée. L'image est restée dans la mémoire collective, mais qui était vraiment l'homme et quel chemin fut le sien ?
Commandée à l'occasion du cinquantenaire de l'élection de 1974, et lancée officiellement le 27 mai 2024 à l'Institut de France lors du colloque "Valéry Giscard d'Estaing : modernité, expérience et vision", cette bande dessinée de trente-deux planches parvient à dresser une synthèse quasi complète du parcours de l'homme politique. Fort de l'appui et de la documentation de la Fondation Valéry Giscard d'Estaing, Jean-Claude Bartoll a pu construire un scénario, qui permet de mieux cerner à la fois l'individu, mais aussi ses principales idées. Le scénariste parvient également à casser, quelque peu, la monotonie d'un déroulé linéaire, en débutant son récit en avril 1974, quand l'ancien ministre de l'économie et des finances annonce sa candidature aux élections anticipées suite au décès de Georges Pompidou. Puis Bartoll entraine les lecteurs dans le passé pour narrer l'enfance, adolescence et l'accès à la politique de son personnage principal. Après ce passage, l'auteur opte pour la continuité allant de la présidence jusqu'aux différents mandats et postes occupés successivement. Le tout en un nombre réduit de planches, puisque l'album se termine par un dossier de quatorze pages réalisé par le normalien Louis Sastre. Divisé en six thèmes (la jeunesse, les femmes, l'environnement, les institutions, l'Europe et les affaires internationales), l'universitaire revient sur les grands axes de la politique giscardienne avec un phrasé clair et précis. L'ensemble survole les points noirs du septennat, sans toutefois les développer.
Le dessin a été confié à Corentin Longrée, qui signe ici son deuxième album. Son trait permet de reconnaître les différents protagonistes au premier coup d’œil. L'aspect classique peut plaire à un lectorat habitué à la bande dessinée politique ou biographique. Toutefois, il peut aussi rebuter les plus jeunes.
Giscard, un destin pour la France est un album biographique qui remplit honorablement le cahier des charges du genre.
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