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yrénées espagnoles, XIXe siècle. Mara, une vieille dame, vit seule au milieu des bois. Les habitants du hameau voisin entretiennent une relation de type amour-haine avec cette dernière. Libre et un peu sorcière, elle cueille les herbes et les racines utiles pour soigner les villageois. Lorsqu’elle accueille une vagabonde, la méfiance s’accentue, d’autant plus que l’inconnue pourrait être recherchée par les forces de l’ordre. En toile de fond, un mystérieux mal s’attaque aux gens et aux bêtes.
Un sombre manteau aborde essentiellement la question du libre-arbitre dans une société dominée par le patriarcat, le clergé, les autorités et, surtout, la tradition. Pour la protagoniste, qui n’est plus toute jeune, s’ajoute la gestion de l’héritage puisque plusieurs convoitent son bien. Tout cela pendant que la modernité s’impose doucement, même dans les coins reculés, alors que la science défie les savoirs traditionnels et que certains aspirent à davantage, par exemple, travailler à l’usine.
Jaime Martin fait le choix de cristalliser tous les enjeux autour des droits féminins. Face à un petit groupe de femmes de tous les âges, des maris peu ragoûtants, un médecin, un enquêteur et un prêtre obtus, tous moins empathiques les uns que les autres. Pas un seul homme ne manifeste un semblant de sympathie, de sensibilité ou de compréhension. Ce point de vue, binaire et sans nuances, déçoit.
Aussi, certaines ellipses impromptues déconcertent le lecteur et l’incitent à relire quelques pages pour s’assurer d’avoir bien interprété les choses.
Artiste complet, l’Espagnol habille son projet d’agréables illustrations réalistes. Son trait, gras, rappelle celui de son compatriote Rubén Pellejero. Les décors sont dépouillés quoique jolis. L’illustrateur privilégie la représentation des individus, souvent en gros plans. La violence s’avère omniprésente, mais rarement montrée. L’auteur de Jamais je n’aurai vingt ans choisit plutôt de cadrer un visage ou une main pour illustrer la tension ; c’est généralement suffisant et, pour tout dire, le dessin y gagne en force.
En feuilletant l’album, le bédéphile notera la belle colorisation, toujours dans des tons très foncés ; la lumière apparaît du reste rarissime dans cet ouvrage au propos tourmenté.
Un récit historique, traitant de sujets qui demeurent d’actualité, le tout nappé d’une fine couche de fantastique ; le résultat se montre concluant.
De Jamie Martin, j'avais aimé « Ce que le vent apporte » (2007) ainsi que « Toute la poussière du chemin » (2010). Bref, cela date un peu car c'est un auteur peu prolifique. Aussi, ce titre que j'ai découvert était le bienvenu pour poursuivre l'exploration de son œuvre.
Alors que son trait de graphisme était assez gras et proche de ce que Pellejero peut faire, je vois une démarcation plutôt positive avec quelque chose de plus raffiné. Déjà, la couverture est magnifique avec ses couleurs crépusculaires. Cela donne envie de savoir ce que fuit cette jeune femme en pleine forêt dans un paysage hivernal.
On va tout d'abord faire connaissance avec Mara qui est une vieille guérisseuse célibataire vendant ses remèdes dans un village espagnol au milieu des Pyrénées. Cependant, elle devra faire face à leur mépris et à leur médisance sur une certaine façon de vivre. Un jour, elle va recueillir une jeune fille fuyarde au passé trouble. Elle va lui apprendre le métier tout en la présentant comme sa nièce aux yeux de villageois bien trop curieux.
Encore une nouvelle fois, j'ai aimé ce récit qui se laisse lire agréablement grâce à l’élégance du dessin et à un scénario parfaitement maîtrisé se basant sur les relations de ces deux femmes touchantes face à un monde cruel et difficile.
Cependant, il y a eu certaine longueur avec parfois le sentiment de ne pas avancer comme si l'auteur s'était un peu perdu dans ses méandres scénaristiques. Il faut dire que cette œuvre semble avoir accouchée dans la douleur comme il l'indique dans une post-face où il a failli abandonner le métier pour le troquer contre une guitare.
En conclusion, il s'agit d'un bon roman graphique qui saura parler aux lecteurs sous un sombre manteau.