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D epuis quelques siècles, des industriels pratiquent l'extraction et le commerce des vœux. Ceux de moindre qualité sont bazardés dans des canettes. Ils ont l’avantage d’être abordables, le résultat se montre toutefois incertain, voire dangereux, d’où des campagnes de sensibilisation. Les meilleurs sont embouteillés ; plus coûteux, leur concrétisation est garantie.

Shubeik Lubeik, vos désirs sont des ordres, raconte comment trois personnes tentent de tirer profit de ces attentes de bonheur instantané. Aziza vit dans la pauvreté ; à force de travail et d’économies, elle se procure l’objet convoité, il est cependant immédiatement confisqué par un policier. Provenant d'un milieu aisé, Nour acquiert facilement le flacon ; en proie à la dépression et à l’indécision, il n'arrive pas à déterminer comment s’en servir. Enfin, Shokry, musulman, ne peut utiliser ce privilège qui n'est pas haram. Dans tous les cas, le fil conducteur s’avère la quête de la liberté.

Les souhaits embouteillés agissent comme des révélateurs. Chez chacun, la possession d’une perspective de félicité provoque une introspection sur sa place dans la communauté et sur celle qu’il souhaite occuper. La promesse se veut porteuse de tous les possibles, mais est-ce aussi simple?

Avec beaucoup d'imagination et d'intelligence, l'Égyptienne Deena Mohamed invente une structure cohérente dans laquelle les djinns offrent leurs services. Ils sont produits, commercialisés, vendus et revendus, réglementés et étudiés (ils figurent même dans les cursus universitaires). Du reste, l’autrice parsème le livre de parenthèses didactiques où elle rappelle l’histoire du phénomène, aborde les impacts de nouvelles lois, discute des droits de propriété et de la traçabilité, sans oublier la désignation argotique des vœux dans différentes langues (rouillé en français).

En creux se lit une réflexion sur le monde, notamment la géopolitique (la production se fait dans les pays du sud… et la consommation dans le nord, surtout aux États-Unis), l’imperméabilité des classes sociales, les croyances, la religion et les abus de pouvoir.

Bien que l’ouvrage traite de sujets importants, le ton apparaît généralement léger et l’ironie omniprésente. Il n’y a pas lieu de rire aux éclats, mais le sourire est fréquemment au rendez-vous.

Alors que la plupart des illustrations demeurent de facture classique, l’illustratrice n’hésite pas à s’affranchir des conventions : abolition du cadre de certaines vignettes, planches hyperchargées et d’autres dépouillées, textes sinueux, histogrammes traduisant les états d’âme du dépressif, arbres décisionnels et calligrammes joliment rendus par la calligraphie arabe. Les amateurs retrouveront un peu l’esprit de Habibi, de Craig Thompson, dans cette démarche artistique (et peut-être Obélix et compagnie pour le sujet).

Mis à part les débuts de chapitres qui sont en couleurs, l’exercice repose sur des noirs saturés, lesquels donnent beaucoup de caractère et de profondeur au dessin.

Une satire politique et sociale très réussie, où l’univers des Mille et une nuits conte fleurette à la modernité.

Par J. Milette
Moyenne des chroniqueurs
8.5

Informations sur l'album

Shubeik Lubeik, vos désirs sont des ordres

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L'avis des visiteurs

    Zablo Le 12/12/2024 à 23:50:21

    Après 1001 nuits...

    ...j’ai pu venir à bout de cette BD, de la taille d’une grosse boîte à vœux. En effet, le scénario est densément composé, avec un emboîtement de plusieurs histoires, entre contes et tranches de vie, entrecoupées d’intermèdes immersifs. Deena Mohamed, autrice d'une grande intelligence, raconte ainsi les déboires de trois égyptiens qui, dans un détournement poétique - celui de la recherche de sens à leur vie, d’une voie à prendre – cogitent sur ce qu’ils vont bien pouvoir faire de leurs bouteilles magiques... Et, tout au long du livre, les vœux prennent des fonctions multiformes, dévoilant tout leur potentiel, positif ou négatif : passion débridée, distinction sociale, addiction dangereuse, tabou religieux, soumission violente, assouvissement d’un désir, satisfaction d’un besoin, contentement sans ambition, roue de secours, dot pour la femme, arme vengeresse, rêverie illuminée... Tout ça en soulignant un certain nombre de problématiques sociales, propres aux pays du tiers monde. Il n'empêche qu'il y a des passages très drôles, lorsque les animaux se mettent à parler sous l’emprise d’un génie facétieux par exemple. En ce sens, Deena Mohamed est très forte, tant elle parvient à renouveler son sujet, son génie égyptien propre.

    Si le récit est donc fictionnel, il n’en demeure pas moins saisissant. Vue ma soif de me projeter dans cette culture inconnue, je n'ai donc pas été déçu par ce récit d'une grande profondeur, certes fantasmé mais non moins teinté de réel. Un point de vue inédit pour moi, sur cet univers lointain, onirique, et alors que je suis un fervent lecteur de l’Arabe du futur, plus cartésien. Les dessins, assez personnels, sont très bons pour un roman graphique. J’ai apprécié tout particulièrement le soin apporté aux visages, d’une grande régularité, qui ne sont pas sans me rappeler le manga ou même la rondeur du trait des auteurs Disney. Assez paradoxal vue l’histoire... De même, la composition variée et le découpage aux plans resserrés, sont maîtrisés. Car, en plus d’être une habituée du CairoComix Fesival, Deena Mohamed est aussi passée par la maison des artistes d’Angoulême (Cocorico). En tout cas, j’ai passé de très bons moments - comme les auteurs de la chronique BDGest visiblement, c'est assez rare pour être noté - en particulier sur la fin...

    ...Ce fut un enchantement.