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n an s’est écoulé depuis le suicide d'Aoi. Après les nombreux retournements de situations vécus, les personnes l'ayant côtoyée ou subie continuent, elles, à vivre ou survire. Après le deuil, comment ceux-ci vont-ils se reconstruire ? Vont-ils tourner la page, aller de l'avant ou bien continuer à se poser des questions sur la disparition du jeune homme toxique ?
Akane Torikai maîtrise de main de maître l'art de distiller le malaise et de générer des ambiances anxiogènes dans le canva de son scénario. Cela fait plusieurs tomes que les otaku sont déstabilisés, encore plus avec le précédent qui livre un grand nombre d'explications sur les raisons qui ont poussé Nakajima à mettre fin à ses jours et celles concernant le grand secret porté par le personnage principal. La mangaka est tout aussi brillante dans sa manière de placer les révélations quand il convient, que ce soit pour dynamiser son récit ou de lui faire prendre une autre tournure. C'est le cas ici. L'intrigue aurait pu se conclure au volume 9. Or, l'autrice pousse son investigation du mal-être sociétal et du deuil dans un passage se déroulant plusieurs mois après la cérémonie en la mémoire d'Aoi. Les bédéphiles découvrent ce que plusieurs personnages-clefs deviennent tels que l'éditeur Koide et sa relation avec la pétillante Maki ou la ténébreuse Mme Kaiji qui s'offre un retour au premier plan par exemple. Celle-ci n'est pas jugée, l'objectif étant de tenter de la comprendre via ses actes passés en assistant au début de sa résilience. L'idée est intéressante et, surtout, elle est brillamment mis en récit et en image, offrant ainsi une fin des plus réussies.
Le style réaliste et contemporain de la dessinatrice donne vie aux différentes situations. Le trait est à la fois glaçant, sobre, sans s'interdire d'en être parfois... l'exact contraire. Les décors urbains et les intérieurs bénéficient d'un soin et de détails appréciés.
Akane Torikai parvient à conclure avec mérite, pertinence et cohérence une série durant laquelle elle a mis les nerfs des lecteurs à rude épreuve. Rarement une mangaka aura exploré en un seul titre des thèmes aussi forts que le deuil, la toxicité, les relations hommes/femmes, le couple, le sexe et la charge mentale. Pour celles et ceux qui cherche un manga "social" intelligent et psychologiquement implacable, Saturn Return est le titre vers lequel il faut impérativement se tourner, sans y sombrer.
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