L
e redoutable Ke-Ri fait toujours face à l'armée de Qin, dont le roi a lancé un défi au stratège : défendre la cité de Handan en respectant les principes de la philosophie de Mozi. Malheureusement, les autres disciples de cet ordre philosophico-militaire ont prêté allégeance à son ennemi. Ce dernier se retrouve avec le soutien d'hommes aguerris et de divisions spéciales, telle la section insecte et ses millions de criquets et de locustes, dont les ravages mettraient à mal les civils des cités attaquées. Néanmoins, Ke-ri dispose lui aussi d'une arme secrète, bien qu'il répugne à l'utiliser...
La fresque historique imaginée par le romancier Kenichi Sakemi, co-scénarisée avec Hideki Mori pour l'adaptation en manga, monte en puissance dans ce tome. Les relations entre certains protagonistes sont davantage développées pour être mises au service de l'intrigue, celle entre Niang et Ke-ri en est un exemple. La guerrière soulève les questions interrogeant les lecteurs au fur et à mesure que certaines révélations sur le passé du héros surgissent. Il convient de noter également que le rôle attribué à cette combattante est très éloigné du statut de faire-valoir auquel était fréquemment relégués les personnages féminins secondaires dans les mangas parus à cette période. Niang a intégré l'équipe de l'ancien disciple de Mozi, a su y faire sa place et en devenir un atout. Tant et si bien que Ke-ri mise à plusieurs reprises sur elle, en raison de son habilité et de ses capacités.
Un autre point intéressant de ce tome réside dans la ségrégation spatio-sociale à Handan. Au fil de l'histoire, la cité voit sa défense partagée entre plusieurs militaires. Ke-ri et ses compagnons héritent de la partie la plus misérable où les murailles sont à l'abandon. Afin d'éviter toute redondance avec le premier arc narratif, mais aussi pour déjouer les facilités scénaristiques, les auteurs profitent de ce moment pour explorer les divisions sociales. Cette zone hyper paupérisée va donner du fil à retordre aux héros. Évitant tout misérabilisme et condescendance, les scénaristes montrent comment une frange de la population laissée pour compte peut être manipulée et devenir une arme contre son camp.
Le travail graphique de Mori inspire un compliment aussi direct qu'élogieux : magnifique ! Les qualités évoquées pour les précédents volumes sont encore largement présentes : sens du cardage et du découpage donnant le tempo en fonction des tensions, décors réalistes s'appuyant sur de longues recherches (sans les moyens de communication actuels), scènes de combats spectaculaires et convaincantes.
Ce septième tome de Bokko stratège est une réussite tant sur le plan visuel que scénaristique. Se terminant sur un cliffhanger, il va être difficile pour les amateurs de récits historiques de qualité d'attendre la sortie du prochain volumes.
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