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O radour-sur-Glane. Pour les lecteurs adultes, ce nom évoque l'un des massacres de civils survenus en France durant l'été 1944. Pour les plus jeunes, le nom leur dit peut-être quelque chose, un exemple dans un cours d'histoire sur la Seconde Guerre mondiale. Dans une période où les tribuns médiatiques minimisent les crimes commis durant ce conflit, voire en change le sens en héroïsant les tortionnaires, les spécialistes et les associations se mobilisent et se dressent contre ce type de discours. Tous les supports sont alors utiles pour sensibiliser et d'expliquer les faits, sans jugements et en les replaçant dans leur contexte. La bande dessinée, capable de séduire du fait de son approche graphique, en fait partie.

L'origine de l’album est à chercher auprès de l'association OHVR (Oradour Histoire Vigilance Réconciliation). Créée en 2012, soit treize ans après celle du Centre de la mémoire, elle milite pour transmettre l'histoire et la trace du massacre perpétré par un détachement du premier bataillon du quatrième régiment de Panzergrenadier « Der Führer » appartenant à la division blindée SS « Das Reich », le 10 juin 1944. Collaborant avec des historiens, des écrivains et différentes académies, l'association inscrit sa démarche dans une action citoyenne et européenne (d'où les deux derniers mots choisis dans son nom). Comme l'écrivent dans la préface sa présidente, Bernadette Malinvaud, et son secrétaire, le romancier Philippe Grandcoing, après que le neuvième art a utilisé des évènements historiques comme toile de fond, "il y a désormais une bande dessinée historienne". Or jusqu'à présent, il n'y avait pas eu d'album de ce type pour expliquer ce qui s'est passé dans ce village de la Haute-Vienne. Après avoir sollicité des auteurs et des maisons d'édition, le bureau d'OHVR finit par avoir une réponse positive d'Anspach.

Le duo d'auteurs choisis a été guidé sur les lieux par le dernier survivant du massacre, Robert Hébras. Cette visite, commentée et chargée en émotion, a marqué et a pu aider à la construction du récit. Le scénario est réalisé par Jean-François Miniac. Ce passionné d'histoire a réussi le tour de force d'allier la chronologie des faits, en étant scrupuleux sur leur enchaînement, et une montée en tension progressive qui prend les lecteurs aux tripes et les force à ne pas lâcher l'album jusqu'à sa fin. En effet, qu'ils soient ou non sensibilisés à cette période, les bédéphiles apprennent avec exactitude l'implacable chaîne de causalité ayant mené à la mort six cent quarante trois civils. En utilisant des personnages qui devaient aller à Oradour, les lecteurs comprennent l'anormalité du moment. Ceci accroit l'angoisse jusqu'au déclenchement de l'opération. Son origine remonte au mois d'avril 1944, lorsque le Gruppenführer Lammerding reçoit l'ordre d’impressionner la population du Limousin, afin de faire cesser tout acte de sympathie avec les maquisards. Or, il se trouve que la division SS Das Reich est en pause dans cette zone, après avoir subi des pertes lors des batailles de Kharkov et de Koursk. L'un des gradés de l'unité, le SS Dickmann, va alors déployer son expérience issue du front de l'Est face aux ruraux français. C'est aussi cet individu qui choisit au hasard le village sur une carte. Au passage, Jean-François Miniac apporte des éléments sur les origines géographiques des membres de la division, dont plusieurs Alsaciens (surnommés les "Malgrés-nous") qui seront amnistiés par la suite. La liquidation est aussi traitée avec minutie et sans volonté de faire dans le pathos, bien au contraire. À la fin du récit, la manière dont les premières preuves furent amassées est aussi évoquée, tout comme l’incompréhension, le choc, la haine. Le scénariste parvient également à insérer son histoire dans le contexte régional (Saint-Junien, les pendus de Tulle...) et général de l'été 1944, après le débarquement en Normandie (opération Overlord), dans une France où les Résistants multiplient les coups de forces. Cela est d'ailleurs repris dans le dossier illustré présent en fin d'album, qui est particulièrement réussi.

Les dessins de Bruno Marivain sont saisissants. En habitué du travail sur cette guerre, il parvient à transporter le lectorat dans un décor réaliste. Il accompagne admirablement le crescendo de l'horreur du scénario. Les scènes du 10 juin 1944 sont d'un réalisme déstabilisant, en particulier celles montrant la mise à mort des deux cent trente sept femmes et des enfants dans l'église. La "dynamique" du processus fait que les lecteurs suivent avec effroi le spectacle sanguinaire d'une division rompue à la mort de masse et qui vit ce que l'historien George Mosse a nommé la brutalisation. Enfin, il faut aussi mentionner l'importance des choix intelligents effectués par la coloriste Cerise. Son utilisation du sépia qui donne une touche de souvenirs du passé, avant celles des couleurs chaudes est réussie.

Les membres de l'association Oradour Histoire Vigilance Réconciliation voulaient un album qui soit à la hauteur d'une véritable publication historique scientifique. Les auteurs y sont réellement parvenus et font d' Oradour 1944, l'innocence assassinée un album intelligent et clair, sans effets dramatiques, mais bénéficiant d'un déroulé méthodique, scrupuleux et sourcé des faits. Cet album mérite d'être lu par le plus grand nombre et constitue en soi un admirable travail de mémoire.

Par J. Vergeraud
Moyenne des chroniqueurs
8.0

Informations sur l'album

Oradour 1944 - L'innocence assassinée

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L'avis des visiteurs

    kergan666 Le 21/06/2024 à 19:42:49

    un album hors catégorie, une plongé dans l'horreur et la barbarie
    dans un genre différent de Wansee de Fabrice Le Hénanff mais encore plus poignant car les tueurs voyaient leurs victimes.
    contrairement à l'avis précédent je ne suis pas choqué que les habitants aient parlés de foot pour se détendre et ne pas paniquer
    en effet, comment pouvaient ils imaginer qu'ils seraient massacrés, que leurs femmes, filles et enfants seraient brulées vives dans l'église un lien protégé par Dieu
    mais ce qui s'est passé à Oradour était très courant en URSS
    l'abomination faites par des hommes que l'on aimerait imaginer être des monstres dégénérés très différent de nous.
    hors, ce n'est pas le cas les nombreuses études sur le sujet ont montrées que les tueurs étaient en très grande majorité normaux
    mais ne nous leurrons pas de nos jours les "soldats" de Daech sont du même niveau tout comme les responsables du génocide au Rwanda et biens d’autres encore.
    les discours de haines actuels montrent bien que les bourreaux sont toujours parmi nous
    un album indispensable pour ne pas oublier

    MARTHY Le 18/06/2024 à 15:54:16

    Petite déception concernant cet album , peu d"émotions pour les malheureux ayant vécu ce drame atroce , méme dans les conversations , l'un parle du match de foot à venir alors qu'ils sont pratiquement mis en joue par les ss , j'imagine que la situation a du étre vécue comme un cauchemar pour les habitants d'Oradour , je m'attendais vraiment à beaucoup mieux !!

    Levesque86 Le 12/06/2024 à 23:44:26

    Quel sujet, fallait oser !.. Et pourtant ! Le dessin classique et soigné de Marivain habille un scénario aux scènes assez cinématographiques, qui fait autant appel à l'intelligence du lecteur qu'à son coeur. Avec certaines séquences fragmentées, ses allers et retours, ce récit si éloigné de la BD "oncle Paul" nous plonge vraiment au coeur du 10 juin 44 à Oradour. On comprend excatement ce qui s'est passé ce jour-là dans ce pauvre village. Et c'est terrible ! Un bel objet, nécessaire je trouve.

    BULLHIST Le 09/06/2024 à 16:15:21

    Un article récent du Soir, notre quotidien de référence en Belgique, m'a incité à découvrir cet album BD. Et à bon escient ! Le dessin réaliste de Marivain m'a attiré, la mise en scène assez contemporaine aussi. La lecture m'a littéralement captivé, emporté dans la bouleversante tragédie du 10 juin 1944, palpable dans ce récit poignant au crescendo implacable je trouve. Bref, une bande dessinée terriblement émouvante, importante pour le devoir de mémoire, notamment auprès de la jeunesse (l'album est consultable pour les collégiens). L'ex dernier témoin vivant de la tragédie, M. Hébras, a transmis le relais à ce trio d'auteurs durant les dernières années de sa vie. Belle initiative ! Ils ont traduit en images cette terrible tragédie collective, fidèlement me semble-t-il. Gages du sérieux de l'entreprise, deux labellisations parrainent cet album, celle de l'asso des familles des martyrs d'Oradour et celui du Ministère des armées français. Bravo à tous pour cette oeuvre collective rendant hommage aux infortunées victimes de la barbarie nazie.

    Marie91 Le 22/05/2024 à 22:56:08

    Ce 22 mai, le site ligneclaire.info publie une critique enthousiaste sur l'album, une critique écrite par Jean-Laurent Truc, ancien rédacteur en chef du Midi-Libre. " Le massacre d’Oradour-sur-Glane restera dans la mémoire collective comme le pire de tous ceux commis par les troupes allemandes en France occupée. Le 10 juin prochain on commémorera les 80 ans du massacre. Pour l’occasion sort aux éditions Anspach un ouvrage remarquable, Oradour l’innocence assassinée de Jean-François Miniac au scénario, Bruno Marivain au dessin très travaillé et Cerise aux couleurs. Ils ont été guidés par le dernier survivant du massacre Robert Hébras. (...) Le récit est parfaitement construit, monte en puissance. On comprend que le hasard n’est pour rien dans cette tragédie programmée. Ratissage des alentours, femmes, enfants, vieillards, qui mourront dans l’église en flammes d’Oradour. On est avec les habitants à la fois pétrifié et terrorisé devant une telle horreur inhumaine. 247 enfants sont tués. Deux survivants et une haine barbare aura submergé le village martyr comme plus tard Vassieux-en-Vercors. Un ouvrage indispensable pour le devoir de mémoire." On ne pourrait mieux dire, je trouve.