L
es crises, ça va et ça vient. Là, depuis quelques temps, les choses sont plutôt calmes, malgré la grisaille habituelle de la ville. Monsieur Léon a repris sa mallette et son petit train-train. Une nouveauté néanmoins, il habite désormais avec Mademoiselle Sophie. En colocation, pas en couple ! Qu’est-ce que vous allez vous imaginer ? Mais vous n’avez peut-être pas tout à fait tort, il y a bien des sentiments entre les deux. D’ailleurs, Fernand, un pote de Léon, le pousse à déclarer sa flamme avant qu’il ne soit trop tard. Pourquoi pas un petit voyage ou des vacances, en amoureux ?
Le premier tome des «aventures» de Monsieur Léon avait laissé un très bon souvenir. En effet, cette fantaisie sur fond de mambo, de pandémie et de manifestations sociales était tombée au bon moment. Arnaud Le Gouëfflec avait su trouver les mots et les situations afin de percer le voile sombre laissé par l’épisode COVID. Contre toute attente, il remet la table pour une suite, toujours en compagnie de Julien Solé aux pinceaux.
Malheureusement, la magie et l’originalité de l’opus précédent semblent s’être évaporées et les péripéties du héros dans sa quête pour l’être aimé s’avèrent bien convenues. Si la mécanique opposant routine morose et imaginaire coloré continue d’avoir son petit effet, le fond des scénarios s’appuie trop sur des poncifs et peine à convaincre. La timidité maladive, le rival, la panique qui provoque des quiproquos, etc., tout ça sent le déjà-vu et -lu mille fois, si ce n’est plus. Certes, l’humour reste présent (la reconversion du préfet Lepicard) et une certaine poésie se fait toujours sentir. La consolation est cependant un peu maigre et sans la générosité impressionnante du dessinateur (quelle richesse des décors, quelles couleurs !), l’album ferait vraiment pâle figure.
Pas d’étoile Michelin© pour Les vacances de Monsieur Léon. Non pas que le voyage ne vaille pas la peine, les planches de Julien Solé sont admirables et méritent à elles seules un détour. Simplement, une panne d’inspiration et l’absence de cette petite accroche avec notre réalité qui avait tellement bien fonctionné précédemment.
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