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ritomartis l’est, Physalis croit l’être ! L’une n’en a cure, l’autre veut savoir : demi-déesses ou bâtardes de Zeus ? À défaut d’en être reconnues, les voici donc sur la route afin de rencontrer leur démiurgique géniteur…
Poséidon, Apollon… les dieux de la Grèce antique aimaient abuser des simples mortelles pour mieux les délaisser. De ces amours sans lendemain naquirent des cohortes de semi-divinités aux destins porteurs de sens pour ceux qui peuplaient le pied de l’Olympe et non son sommet. Ainsi, le panthéon lapidé par Agnès Maupré lui permet, aussi, de dérouler le fil d’un propos qui, heureusement, va au-delà d’une remise en cause du droit de cuissage déifique. Toutefois, dans le cas présent, il convient de noter que les divinités grecques (au demeurant paritaires !) ne sont en rien coupables, seuls les « théogonautes » helléniques qui leur ont donné vie, le sont !
Cela étant, le voyage de Physalis serait alors plus à considérer comme une allégorie de la construction de soi au travers des autres, du poids donné à la filiation ou l’amitié (voire la sororité), des erreurs à commettre pour s’apercevoir que le bonheur est parfois dans le pré d’à côté même si l’herbe n’y est pas toujours verte. Pour ce faire, la dessinatrice de Lady Winter organise ce périple olympien en dix chapitres, mais aussi en dix chansons qui constituent autant d’étapes des plus colorées. Parallèlement, elle profite d’une pagination copieuse et d’un espace au format généreux pour emplir ses planches de mille et une couleurs et d’une multitude de personnages qui constituent autant d’opportunités de décliner les nombreux sujets qui sous-tendent son récit.
S’il impose de réviser ses classiques, Les bâtardes de Zeus est un plaidoyer joliment illustré sur la manière de se construire et de la matière dont chacun a besoin. À signaler que cet album longuement mûri et peaufiné constitue le support d’un concert dessiné produit par Esprit Chien, groupe dont Agnès Maupré est parolière et chanteuse…
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