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n dimanche sur trois, c’est chez Mémé que ça se passe. Au programme : apéro, gigot, flageolets et engueulades cordiales. Il faut dire que tous ne penchent pas du même bord dans la famille. Il y a ceux qui sont à gauche, ceux qui sont à droite et le cousin Pierre qui crache sur cette société pourrie (c’est un ado, ça va passer, explique sa mère). Pour Pilou, le petit dernier du clan, c’est surtout l’occasion d’un moment de complicité en compagnie de sa grand-maman. Elle est marrante et un peu bizarre avec ses machines à remonter le temps qu’elle enfouit ici et là. Et puis, il y a un trésor de caché quelque part dans la maison. Des Louis d’or sur lesquels tout le monde aimerait bien mettre la main ! Bon, voilà l’entrée, que le repas commence.
Philippe Pelaez s’offre un petit voyage au début années 80 avec Le gigot du dimanche. Souvenirs familiaux à peine réaménagés associés à une tentative de faire revivre des moments précieux passés avec des parents aimés, c’est toute une atmosphère qu’a recréée le scénariste. Le résultat s’avère charmant, rempli de tendresse et c’est à peu près tout, malheureusement. En effet, à part pour ceux qui ont connu cette époque et les proches de Pelaez, la lecture expose rapidement ses limites. Intrigue inexistante, rythme lymphatique et personnages caricaturaux rendent l’exercice guère passionnant. Le côté comédie censé apporter un peu de punch à l’ensemble tombe également à plat avec des situations dignes du mauvais théâtre de Boulevard. Peut-être trop proche de son sujet, l’auteur n’a pas su trouver la bonne distance et le bon point de vue afin de dynamiser et donner du sens à cette fin de semaine somme toute banale.
Aux pinceaux, Espé fait tout son possible pour insuffler de l’énergie et de la vie à la distribution. Moins réaliste qu’à l’habitude, il a légèrement fait glisser son style vers la caricature et doté ses acteurs de bouilles bien senties, tout en les habillant à la mode de l’époque. Les décors et les véhicules suivent la même logique. L’immersion dans le début des années Mitterrand est donc réussie. Par contre, entre des protagonistes surjouant en permanence et l’abus généralisé d’effets graphiques triviaux, les planches finissent par ressembler, à l’image du scénario, à un téléfilm sans piquant ni identité.
Gentillesse et bons sentiments, le tout baigné dans une nostalgie forcée, ce Gigot du dimanche se montre bien fade et sans saveur. Peut-être que c’était le cas finalement et que la mémoire nous joue des tours.
C'est mignonnet.
Le souvenir des repas dominicaux de famille, l'enfance heureuse disparue, l'oncle de droite, la tante de gauche, les disputes et les fous-rires, l'amour du sud-ouest, du soleil, du rugby, la grand-mere convoitee pour sa bonhommie et son argent, a moins que ce soit l'inverse, sont les ingredients de ce gigot que cuisine un Pelaez nostalgique.
N'en deplaise a Marion Rousse, ( lol ), je trouve qu'Espe tire bien ses pinceaux du jeu, car son dessin agit comme une bonne sauce bearnaise qui ameliore un peu plus le gout de ce bon gigot.
A consommer de preference un dimanche apres-midi, sur une chaise longue et avec un bon verre a portee de main.
De l'humour, de la tendresse, de la nostalgie... une chronique familiale qui aurait rappelée à Marcel l'odeur de ses madeleines