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ersonnalité mineure, mais reconnue du monde de l’art néo-écossais, Maud Lewis (1903 – 1970) est une artiste peintre autodidacte au style naïf et coloré. Elle a d’abord joui d’une notoriété locale, avant que ses œuvres commencent à rayonner au niveau canadien et nord-américain (deux de ses toiles ont même orné les murs de la Maison Blanche sous l’administration Nixon). Personne modeste à la santé fragile, elle a réussi à transmettre la beauté de la nature et, grâce à une sensibilité extrême, charmer un monde alors plongé dans les affres de la Guerre froide.
Maud Lewis – Toute en couleurs n’est pas un biopic ! Mathieu Siam et Émeline Grolleau proposent plutôt une série de balades en compagnie de Maud, son mari et leurs chats (et autres animaux de la forêt). En effet, bien que basées sur l’existence de la Néo-écossaise, les anecdotes narrées dans l’album s’avèrent imaginaires (ou presque). Reprenant au pied de la lettre l’émerveillement du quotidien de leur héroïne, les scénaristes suivent avec tendresse les coups de pinceaux et les péripéties de ce couple improbable et pourtant inséparable. Everett vend du poisson et bricole à gauche à droite, Maud peint (des toiles, des tasses, sa maison en entier). Des acheteurs apparaissent au coin de la rue, tant mieux, ça fait des sous. Elle devient «célèbre» ? Bof, regarder passer les chevreuils au lever du soleil est bien plus intéressant. Même aller prendre le thé avec une admiratrice pleine d’énergie n’est pas si palpitant que ça face à la marée qui monte et qui descend.
Conte quasiment philosophique, leçon de simplicité et art brut, Maud Lewis – Toute en couleurs est une lecture tout en légèreté. Le rendu délicat d’Émeline Grolleau et le découpage ouvert (des cases qui bloquent la vue, quelle horreur !) se montrent parfaitement adaptés et réalisés. Une petite curiosité qui préfère la pureté de l’air du temps aux fracas de la modernité, Maud aurait certainement apprécié.
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