L
es attentats se suivent dans la capitale de l’Irak. Un marginal, Hadi, récupère les morceaux des cadavres qu'il trouve, puis les assemble, jusqu'à obtenir une créature complète. Possédée par un esprit, l’abomination prend vie et entreprend de venger les victimes qui le composent.
L'idée à la base de la relecture d'Antoine Ozanam du mythe de Mary Shelley, adaptée d'un roman d'Ahmed Saadawi, est intéressante. L'exécution se montre toutefois laborieuse. Les personnages, comme les séquences, se multiplient et les transitions apparaissent pénibles. Le lecteur finit rapidement par s’y perdre entre le journaliste, la vieille femme qui attend son fils en discutant avec la représentation de saint Georges, le policier, l’hôtelier et, cela va de soi, le bricoleur de macchabées.
Frankenstein à Bagdad touche à tous les genres : fantastique, polar et chronique sociale. En toile de fond, se lit également un propos politique, plus ou moins accessible au bédéphile qui n’a pas une bonne compréhension des enjeux du Moyen-Orient en général et de la situation irakienne en particulier. Il subodore néanmoins que l’homme-puzzle constitue l’allégorie d’un pays artificiellement délimité au gré des occupations. Pour tout dire, une préface expliquant le contexte aurait été la bienvenue.
Le dessin de Toni Cittadini n'est pas d'une grande aide pour celui qui s’emmêle entre les nombreux comédiens, difficiles à reconnaître avec leurs visages tordus et leurs dents proéminentes. L'artiste fait tout de même des efforts de construction avec des cases disposées comme des éclats de verre ou encore une planche accueillant une douzaine de vignettes captant en gros plan les différentes parties de l’anatomie d'une dame, ces fragments évoquant évidemment le travail du chiffonnier. Ce n’est malheureusement pas suffisant pour vraiment séduire.
Un projet ambitieux, qui ne tient pas ses promesses. Peut-être aurait-il gagné être décliné en deux ou trois tomes.
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