« Les seuls moments où je me sens moi-même, c’est quand je me demande qui je suis. »
Théo Grosjean, alias L’homme le plus flippé du monde, présente Improvisation totale, la troisième fournée de ses tranches de vie initialement publiées sur Instagram. Il discute de son enfance, de l’amour, de l’inconfort en société, des séances de dédicaces et, évidemment, de l’hypocondrie. Pour cet auteur de bandes dessinées (Elliot au collège, Le spectateur), tous les prétextes constituent de bonnes raisons d’angoisser. À l’instar de Woody Allen, il traduit son mal de vivre en anecdotes irrésistiblement drôles.
La machine est bien huilée, les scénarios soigneusement élaborés et les chutes rarement décevantes. Il est difficile de se montrer insensible au propos d’un individu qui affiche ainsi sa vulnérabilité. Tous se reconnaissent forcément dans l’une ou l’autre des angoisses qu’il expose sans aucune pudeur. En fait, il apparaît un peu étrange qu’une personne faisant de son mal-être son fonds de commerce se livre aussi facilement, sans aucune censure.
Auteur complet, adepte du gaufrier, l’artiste construit toutes ses historiettes en deux planches de six cases. Le dessin demeure simple et les vignettes, fréquemment répétitives, témoignent d’une belle économie de moyens (l’illustrateur s’en amuse d’ailleurs). Cela dit, ce n’est pas vraiment dérangeant, puisque l’émotion répond toujours présent.
À l'origine, les gags du bédéiste sont destinés aux réseaux sociaux ; les internautes les découvrent donc un à la fois. Dans le recueil, une cinquantaine sont empilées ; pour bien les apprécier, il est recommandé de tempérer sa gourmandise et d’étirer le bonheur sur une ou deux semaines.
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