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aris, janvier 1964. Alors que leur musique a déjà envahi les ondes outre-Manche, les Beatles débarquent pour une série de dates à L’Olympia. L’idée de Brian Epstein était de faire connaître le groupe en dehors du Royaume-Uni, avant d’aller conquérir l’Amérique, dont il attend d’ailleurs des nouvelles. Pour John, Paul, Georges et Ringo, il s’agit d’abord d’une corvée plutôt agréable, même si, à leur grand regret, Brigitte Bardot ne sera pas là. Sylvie Vartan, leur première partie, est sympathique, mais ce n’est pas la même présence.
Vassilissa & Philippe Thirault se penchent sur les dernières semaines avant la beatlemania globale dans Les Beatles à Paris. Intéressant sur le papier, ce sujet se révèle en fait très mince et guère passionnant, malheureusement. Après quelques années de galère, le groupe est enfin stabilisé et les premiers tubes commencent à cartonner. Globalement encore en rodage, tant les membres que leur entourage voient ce séjour parisien comme un mélange de vacances studieuses et de détente. Ils comptent surtout bien en profiter pour faire la fête. Concerts, séances photo, rencontres avec la presse, un peu de composition dans la chambre d’hôtel, les jours se suivent et se ressemblent. Afin de remplir cette trame limitée, les scénaristes dressent au passage un portrait général de la scène musicale du moment (Trini Lopez est de rigueur dans les surboums !) et reviennent sur un voyage en France que John et Paul avaient fait ensemble à l’adolescence.
Bien armé d’une documentation riche et variée, Christopher illustre ces déambulations sixties avec efficacité et professionnalisme. Logiquement très centrée sur les protagonistes, la mise en scène s’avère bien posée et lisible. Le dessinateur ose même une ou deux audaces de découpage au fil des pages, apportant ainsi un peu de pep à un album manquant dramatiquement de swing. L’heure n’est pas au flower power et la contre-culture devra encore attendre quelques années avant de s’imposer. Pour l’instant, les Fab Four sont des jeunes garçons sages, en dépit de leur énergie et leur soif de gloire.
Coincé entre les débuts mythiques dans les caves de Liverpool et d’Hambourg et le succès planétaire sur le point d'exploser, Les Beatles à Paris se résume à une petite parenthèse pas désagréable en soi, mais bien pâle et passablement triviale. Sans doute n’y avait-il pas plus à raconter finalement.
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