U
n royaume en danger, une princesse rebelle, des peuples étranges et un dragon... tous les marqueurs de la fantasy se retrouvent dans SangDragon, de Bédu. Qu'un vétéran de septante-six ans se lance dans la réalisation d'un copieux album de près de cent planches peut surprendre. Depuis l'arrêt de la série des Psy, l'auteur retrouve une nouvelle jeunesse, replongeant dans un univers médiéval fantastique qu'il avait déjà abordé dans les années quatre-vingt, entre autres dans Hugo.
D'emblée, les premières pages présentent une mise en images efficace. Le dessinateur possède un solide bagage en termes de construction et de cadrage. La lecture est plaisante. Malheureusement, une certaine monotonie s'installe rapidement. Si le dessin est solide, quoiqu'un peu trop carré, il manque cruellement de dynamisme, ce qui est surtout problématique dans les scènes d'action. De plus, les décors sont souvent réduits à leur plus simple expression. De nombreuses cases en sont même complètement dépourvues. La mise en couleur se révèle vite terne, échouant à insuffler une atmosphère à l'ensemble.
Quant au scénario, il repose sur une intrigue plutôt classique dans son déroulement, jusque dans ses rebondissements les plus "inattendus". Les dialogues extrêmement plats n'aident pas non plus à apporter un peu de vie à l'ensemble. En fait, SangDragon donne l'impression de replonger dans un imaginaire et un style imprégné des années quatre-vingt. La passion et l'enthousiasme de Bédu sont palpables. Pourtant, il se retrouve tiraillé entre un style qui aurait pu susciter la nostalgie réconfortante chez un public âgé et une envie de modernité qu'il n'arrive pas complètement à concrétiser. Objectivement, il est difficile de ne pas être admiratif devant cette prise de risques d'un artiste qui se remet clairement en question en réinvestissant un domaine particulièrement codifié. Il s'y sent visiblement très à l'aise, sans renier son style. Hélas, il tombe dans l'ornière d'un album qui semble n'atteindre aucune cible. À la fois trop enfantin pour un lectorat adolescent ou adulte, et trop éloigné des standards actuels pour séduire les gamins, plus habitués à un rythme autrement trépidant.
Pour ma part, j'ai été enchanté par cette lecture.
Outre le fait que Bédu, après 30 ans à dessiner les psys réussit une "reconversion" impressionnante à 75 ans.
Il y a un très gros travail sur les dialogues des différentes peuplades, notamment les petits êtres de la forte de Branagh.
Leur parler est original, bien construit, et apporte une véritable touche d'humour.
Graphiquement, c'est fluide, coloré, et les représentations du décor sont suffisamment bien construites pour nous immerger immédiatement dans l'atmosphère des différents lieux. Ce moyen-âge fantastique est cohérent.
Le rythme est parfait, ni trop lent, ni trop rapide. Le découpage est aussi très bien étudié.
Une excellente réalisation, vraiment chapeau Bédu
J'ai passé un très agréable moment de lecture.
Pour conclure, le tome se lit très bien comme un album unique, mais laisse la possibilité de développer une suite, et ce serait pour ma part avec un grand plaisir !
J’aime Bédu.
J’aime son dessin à la fois rond et rectiligne, ses personnages visuellement caricaturaux avec peu d’éléments mais une épure qui réussit à être suffisamment réaliste.
J’aime les expressions de ses personnages, la vie dans ses cases.
Et je suis donc pleinement satisfait avec cette BD avec plein d’excellentes touches d’inventivité – surtout le parlé des petits gugusses bizarres qui m’a bien éclaté.
Je ne suis pas fan de fantasy en soi mais l’histoire fonctionne. Comme je ne lis pas grand-chose dans le domaine, je ne m’avancerai pas sur l’intérêt ou l’originalité de la trame.
Mais comme Bédu peut m’emmener où il veut, je l’ai suivi avec plaisir.
Un album étonnant par sa sincérité et son côté touchant. Ce n’est pas parfait, pas vraiment surprenant non plus, mais c’est très bien fait et beau.