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eut-on aimer plusieurs personnes à la fois avec une égale sincérité et ce dans des réalités parallèles ?
De telles questions existentielles sont aujourd’hui à reconsidérer au regard de l’évolution des mœurs comme de l’avènement de l’informatique et de la physique quantique ! Avec Le champ des possibles, Véronique Cazot et Anaïs Bernabé ouvrent, entre Real Life et Virtual Reality, de nouvelles voies algorithmiques à la polyamorie…
Traiter de tels sujets implique de travailler à la fois la tangibilité oxymorique de la réalité virtuelle et des considérations plus terre à terre aux frontières de la psychanalyse, de la philosophie comme de la médecine ! À l’évidence, les chemins à explorer sont nombreux et, pour ce faire, les deux autrices se sont donné de l’espace avec plus de cent-vingt-six planches. Toutefois, le parti-pris scénaristique de Véronique Cazot est sujet à discussions car il y avait matière à aller rôder du côté obscur du metaverse et tutoyer ses limites plutôt que de s’en tenir à un propos par trop feel good et empreint d’une naïveté un rien militante. Il reste que cet album est l’occasion de retrouver Anaïs Bernabé dans un registre graphique différent de celui de Sasmira où prime un dessin, certes, moins réaliste, mais plus dense et surtout très coloré. Cependant, ce dernier n’égale pas, dans la virtualité, le brio d’Anna Mill sur Square Eyes ou de Léa Murawiec avec Le grand Vide.
Finalement, Le champ des possibles satisfera probablement les tenants des amours multidimensionnels standardisés par une nouvelle bien-pensance ; pour les autres, cela sera plus compliqué.
C'est un titre qui pose des questions sur le monde virtuel tel qu'il pourrait bien devenir à l'avenir. Peut-on par exemple entamer une relation amoureuse dans un de ces mondes virtuels en enfilant un casque d'immersion ?
Le récit de Marsu et Thom risque de ne pas vous laisser indifférent face à cette problématique. On se croirait presque dans un épisode de la série « Black Mirror » pour ceux qui connaissent...
Evidemment, le questionnement par rapport à la réalité sera omniprésent face à ces nouvelles addictions technologiques. On suit d'ailleurs l'évolution de Marsu qui va succomber progressivement au point de s'y perdre totalement.
J'ai beaucoup aimé la fin de ce récit qui réserve pas mal de surprises. Je trouve que le scénario a été assez bien mené et de façon assez intelligente pour être crédible. C'est en tous les cas assez passionnant à suivre !
Le thème de la relation amoureuse est abordée de manière tout à fait originale grâce d'ailleurs à ce triangle amoureux. Marsu ne souhaitera pas choisir mais avoir les deux hommes de sa vie, l'un dans la vraie vie et l'autre dans ce monde virtuel. Est-ce seulement tenable sur le long terme ? C'est bien cela qui constitue le champ des possibles.
J'ai été assez convaincu par le dessin d’Anaïs Bernabé qui nous propose quelque chose d'assez différent de sa précédente production. Je pense notamment à « la pluie des corps », une BD fantastique tombée un peu dans l'oubli.
Bref, c'est une sacrée découverte que voilà qui nous plonge dans la science-fiction d'anticipation qui pourrait devenir réelle dans un avenir proche. Bravo aux deux autrices pour cette œuvre éminemment marquante !
Marsu est une architecte de talent qui va découvrir le monde de la réalité virtuelle grâce à son ami Thom. Cette découverte va littéralement bouleverser sa vie.
Le scénario nous montre comment la technologie peut envahir nos vies et y prendre une place majeure. Il raconte aussi une magnifique histoire d'amour et de tolérance.
J'ai tout simplement adoré cette histoire qui a su me séduire du début à la fin. J'ai dévoré cette BD d'une traite complètement happée dans ce tourbillon qu'est Le Champ des possibles.
Le personnage de Marsu est d'une véritable force. Son caractère et son histoire portent une grande partie de l'histoire. Ses amours avec Harry et Thom donnent une dimension particulière à la lecture.
Le scénario oscille entre moments dans notre monde et dans le monde virtuel. Les deux univers se cognent et se confrontent.
L'esprit graphique met à l'honneur les deux univers. Le monde réel opte pour une esthétique plutôt classique alors que le monde virtuel regorge de couleurs éclatantes. J'ai vraiment adoré la façon dont les corps étaient croqués et le mouvement qui s'en dégage.
Le Champ des Possibles m'a tout simplement envoûté, c'est un vrai coup de cœur.