D
ans cette ville perdue dans sa lagune, la peur règne, rythmée par les explosions de bombes D et ces marches blanches où les habitants payent leur tribu aux êtres de l'Île noire dont personne ne connaît le visage. Mais peut-il en être toujours ainsi ?
Aurélie Wellenstein (scénario), Emanuele Contarini (dessin) Alice Scimia (couleurs) s’associent sur ce one-shot de Fantasy à l’attention des primo-adolescents qui en apprécieront chaque page. Toutefois, si La Venise des Louves cultive les codes du genre pour séduire son lectorat, Aurélie Wellenstein ne se ne prive pas pour autant d'aborder, grâce à la distanciation que procure les mondes imaginaires, nombre de sujets (entre autres d'actualité), au risque de semer une certaine confusion. Ce faisant, cet album interpellera un lecteur plus âgé qui aurait sans doute voulu y trouver davantage de profondeur, voire autre chose, notamment avec une histoire plus orientée vers le Dark Fantasy. Mais alors, il aurait fallu qu’Emanuele Contarini change de style graphique et qu’Alice Scimia modifie sa palette de couleurs… bref cela eut été un autre récit.
Quoi qu’il en soit, La Venise des Louves satisfera pleinement un jeune public adepte du genre.
C'est le genre de titre que j'aime bien car emballé par le graphisme ainsi que la couverture assez avenante. Il y a de jolies couleurs qui mettent en avant les masques de carnaval.
Il faut dire que le cadre est celui de la belle ville de Venise. Cependant, l'originalité veut que cela se déroule dans un passé un peu uchronique et assez fantasmagorique.
Visiblement, la cité lacustre semble souffrir à cause d'attentats à répétition menés par d'étranges gondoliers réclamant des impôts exorbitants en sillonnant les canaux depuis une mystérieuse île noire où personne ne revient jamais. Une résistance semble s'organiser autour d'un homme épris de revanche suite à la perte de sa main. Rien de mieux que d'être accompagné par de belles louves.
Bref, on a droit à une aventure où se mêle la fantaisie et le fantastique ce qui n'est pas pour déplaire au lecteur. Autre avantage de taille : il s'agit d'une one-shot et non d'une interminable série !
C'est vrai qu'il y a des choses un peu déroutantes mais c'est faire preuve d'imagination. Il y a des petites trouvailles assez intéressantes. Il est dommage que le final de ce récit soit si enfantin. Il y avait sans doute matière à faire mieux sans vouloir être présomptueux.
Au final, un travail tout à fait honnête pour du divertissement réservé aux plus jeunes.
Je suis complètement d'accord avec Shaddam4 : je cherchais comment dire mon désappointement. Il a tout dit.
C'est d'autant plus dommage que l'idée était bonne et les dessins très agréables.
BD achetée et prête à être revendue : je n'aurais pas de plaisir à la relire.
La recette initiale de Drakoo étant plutôt efficace, l’éditeur continue à faire appel à des romanciers fantasy pour apporter leur science de la construction d’univers et de personnages. Pour son deuxième album après une adaptation de son roman, Aurélie Wellenstein se lance cette-fois en compagnie de l’italien Emanuele Contarini sur une nouvelle création dans une atmosphère de la Venise classique du XVI° siècle.
Démarrant son histoire sans perdre de temps, on se retrouve embarqué avec ces cinq « louves », ce pianiste virtuose qui a perdu sa main dans une attaque et ses quatre comparses et amantes, chacune dotée de capacité tout à fait intéressantes. Car c’est la grande force du concept de la scénariste (plus que l’univers de cape et d’épée vénitien, finalement assez absent) que ces bombes « surréalistes » dont le seul nom suffit à titiller notre curiosité. Il s’agit en fait d’explosions qui modifient la réalité avec des effets permanents redoutables: l’un a vu sa main littéralement oblitérée, deux autres partagent le même esprit, comme deux super-jumelles, une autre voit sa conscience coincée entre le présent et le futur immédiat, quand la dernière cache un terrible secret… Si l’adversité manque cruellement à force de mystère sur l’origine des attaques, cet album nous intéressera jusqu’au bout et sa conclusion lovecraftienne intellectuellement très enthousiasmante.
Le problème c’est que ce qui aurait sans difficulté nécessité trois albums afin de pouvoir mettre en place les personnages, une résolution progressive et l’utilisation d’un riche univers… doit se présenter en un format classique de 48 pages! C’est absolument incompréhensible et totalement suicidaire narrativement parlant, d’autant que les planches du dessinateur sont vraiment agréables et dégagent une énergie organique qui rappelle le travail récent de Créty sur Gueule de Cuir, chez le même éditeur.
Ainsi il est compliqué de chroniquer un album qui ne peut avoir aucune structure correcte dans un tel format. Les auteurs n’ont rien à se reprocher, les dialogues sont percutants, les interactions et pouvoirs des personnages très agréables et novateurs dans une sorte d’esprit X-men de la Renaissance et même la résolution en tant que telle est plutôt réussie. Mais l’album semble juxtaposer des séquences qui ne tiennent pas dans le format et laissent l’impression d’avoir lu une très grosse plaquette de promotion d’un album à venir. Autant on pouvait reprocher à Pierre Pevel d’avoir du mal à gérer le hors champ de son univers d’Ambremer dans un format BD limité, autant ici c’est bien le format BD qui pose problème. Très agaçant car on serait volontiers parti sur une série qui disposait d’un sérieux potentiel. Les mystères éditoriaux sont décidément bien impénétrables…
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/02/03/la-venise-des-louves/