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ne équipe de biologistes de l’Aquarium tropical du palais de la Porte-Dorée prépare une expédition à Madagascar pour trouver des spécimens du Joba Mena, une espèce de poisson quasi disparue. Le bédéiste Singeon se joint à eux pour réaliser un reportage. L’homme ne connaît rien à la science, ignore tout de l’Afrique et est d’un tempérament casanier. Le livre s’inscrit dans la collection Embarquée, dirigée par Mathieu Sapin.
L’auteur aborde évidemment les enjeux écologiques que constituent la déforestation et l’assèchement des rivières, et leur impact sur la survie des animaux. Il les déplore, sans pour cela accabler les populations locales. Il comprend que ces préoccupations, bien que nobles, ne puissent pas figurer tout en haut de la liste des priorités de ceux qui cherchent simplement à mettre un peu de beurre sur leurs épinards.
Le reporter s’accorde le premier rôle dans cet ouvrage construit comme un journal de bord. Au-delà de l’écologie, il est surtout question de relations humaines avec des inconnus, dans une société étrangère. En cela, le titre de l’album, Comme un poisson hors de l’eau, est fort bien choisi.
Le ton demeure agréable, le scénariste a le sens de l’humour et sait pointer les éléments insolites, au demeurant plaisants ; leur addition donne toutefois un résultat parfois décousu.
Le dessin semi-réaliste est très détaillé ; l’artiste traduit avec précision les endroits visités, essentiellement la campagne, loin des images reproduites sur les cartes postales. Il a du reste le don de repérer les détails, en apparence anodins, mais significatifs.
Bien que sympathique, la lecture du carnet de voyage laisse sur sa faim : trop d’anecdotes et pas suffisamment d’environnement, dans un projet ni chair ni poisson.
Nous allons suivre l'auteur Singeon qui va prendre des risques dans sa vie en acceptant de suivre une équipe de scientifique à Madagascar à la recherche de poissons rares dans un contexte d préservation des espèces sur fond de changement climatique affectant la nature. Voilà pour le pitch de départ.
L'auteur fait un clin d’œil dans le titre car le poisson hors de l'eau c'est à dire son milieu naturel, c'est lui à Madagascar. C'est tout d'abord la découverte d'une île aussi grande que la France dans sa culture et qui tente désespérément de survivre.
Il faut savoir que la faible croissance économique combinée à une croissance démographique rapide a fait de Madagascar l'un des pays où le taux de pauvreté est parmi les plus élevés au monde, atteignant 75 % en 2022 si l'on se réfère au seuil de pauvreté national. Cela m'a fait penser à une discussion que j'ai eu hier soir où des amis fustigeaient l'écart qui existe aux USA entre les riches et les pauvres alors que c'est la première puissance économique mondial. J'aurais envie de répondre qu'il faut quand même relativiser par rapport à d'autres pays..
J'ai relevé aussi une critique à peine voilée de la part de l'auteur qui indique que les grandes et belles infrastructures datent des années 50 soit avant l'indépendance et que depuis, c'est le délabrement des routes par exemple au gré des coups d'états qui se succèdent dans cette île comme d'ailleurs sur tout le continent africain. On ne peut lui donner tort car c'est la triste réalité.
C'est une BD qui s elaisse lire plutôt agréablement mais il manque une véritable consistance pour donner un peu d'épaisseur. Certes, il n'y aura point d'intrigue ou quelque chose qui fait que l'on s'accroche vraiment. Je rejoins en cela les autres avis qui ont fait part de leur petite déception à cette lecture.
C'est un road movie de plus qui s'inscrit par exemple dans des productions actuelles comme « Les sauvages ». J'aurais aimé quelque chose qui fasse la différence mais on sent une commande décidée par Mathieu Sapin à l'origine à l'égard de notre auteur ravi de relever le challenge.
Je ne fais pas dans la complaisance, vous l'aurez remarquée. Néanmoins, ce titre ne manque pas d'attrait et c'est utile de voir qu'il existe des gens qui se battent pour préserver des poissons dans un monde en péril.