Rue du Prince propose la radiographie d’une petite ville semblable à des centaines d’autres. Elle est découpée en quatre secteurs : la Fabrique (industriel), la Coquille (cœur historique), l’Opéra (bourgeois) et la Forêt de la butte. Le livre raconte la vie de la bourgade à travers les destins de trois hommes, deux femmes… et un chien.
Émilie Ettori fait son entrée dans le neuvième art avec un projet singulier. Le lecteur note d’emblée la rigueur de l’approche. D’abord, la présentation des différents quartiers, suivie du plan du territoire sur lequel figurent six prénoms se révélant être ceux des héros de l’histoire. Au fil des chapitres, le bédéphile découvre, par exemple, une gardienne d’immeuble acariâtre, un garçon insouciant et un voiturier mort d’ennui. Rien ne semble les lier ; l’addition des fragments finit tout de même par former une sorte de tout. D’un point de vue formel, le propos est intéressant. Toutefois, il ne parvient pas à véritablement se traduire en récit. Les anecdotes demeurent gentilles ; il est cependant difficile de s’attacher à la banalité des personnages auquel il n’arrive fondamentalement pas grand-chose.
Le trait, naïf et rapidement exécuté, transmet un certain dynamisme. Dans ce livre de grand format, l’artiste s’offre le luxe de dessiner des cases volumineuses et n’hésite pas à présenter un dessin sur une ou deux pages complètes. Ces illustrations, parfois jolies et décoratives, n’appuient pas vraiment la narration. Pour tout dire, la facture évoque celle d’un album pour enfants.
Une bande dessinée ambitieuse. Sans convaincre, l’entreprise intrigue ; le meilleur est probablement à venir de la part de cette jeune autrice.
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