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olin Atthar, vingt-quatre ans, diplômé d’une école d’art après avoir tâté du cinéma et désormais auteur de bande dessinée. Même s’il n’est pas très âgé, il se demande comment il en est arrivé là et, surtout, qui il est vraiment après ce quart de siècle d’une vie couronnée par une pandémie ? Bienvenue au cœur de l’introspection d’un millénarial en quête de sens.
Autobiographie dessinée dans les règles de l’art, Sur le bout des doigts met aux goûts et aux modes du jour ce genre si cher à la BD underground. Petit dernier d’une fratrie plus âgée, élevé par une mère célibataire après le divorce d’avec son père, Colin était un enfant plein d’énergie doté d’une imagination débordante. Déjà petit, il gribouille sur tout ce qu’il peut trouver, la vocation était là dès le départ. Puis, il grandit et découvre d’autres genres d’histoires en images (les mangas, les yaoi en particulier) au moment où la puberté le frappe. Doute, interrogation sur son genre, il choisira sans choisir, tout en continuant de dessiner toujours et encore. Une chose est certaine, ce qu’il veut, c’est faire des petits miquets : pourquoi ne pas débuter en narrant sa propre trajectoire ?
Album à la chronologie chaotique, entrecoupé par des échanges avec un alter ego félin provocateur, le scénario va dans tous les sens et permet de très bien exposer l’errance existentielle du héros. Que raconter ? Comment le faire ? Faut-il prendre en compte l’avis de ses proches qui pourraient être décontenancés par certains épisodes de son cheminement (il n’a jamais dit à sa mère qu’il a consulté un thérapeute, par exemple) ? Bon an mal an, le récit se construit et un portrait cohérent d’une grande sensibilité se met en place. Un parmi des millions, Colin est rempli de contradictions, de peurs et de joies. Qui sait, peut-être que son exemple pourra aider une autre âme ?
Première œuvre remplie de bonnes intentions et de sincérité, parfaitement inscrite dans son époque, Sur le bout des doigts souffre d’un dessin peu abouti, d’un trait tellement fragile qu’il devient parfois invisible et de couleurs délavées peu attirantes. Cependant, au-delà de ces défauts, c’est une lecture touchante et totalement incarnée.
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