«Initié» par Vince, Nicolas Keramidas est tombé sous le charme des «Space Invaders», le fruit du travail d’Invader, un artiste contemporain français. Ce dernier pose des petites mosaïques dans l’espace public depuis 1998 et laisse l’opportunité de les découvrir au hasard d’une balade. Mieux encore, une application spécifique a été développée et permet aux amateurs de flasher leurs trouvailles et de l’annoncer à une communauté dédiée et dévouée. Évidemment, grâce aux réseaux sociaux, la chose a pris de l’ampleur, tandis qu’Invader continue toujours d'essaimer ses œuvres à travers la planète. Aujourd’hui, il existe plus de trois mille sept cents «Space Invaders» dans soixante-dix-sept villes (sans oublier celui collé sur l’ISS). Quant à Keramidas, il ne fait plus un déplacement, un festival, une dédicace ou une visite familiale sans planifier un peu de temps pour aller à la chasse, quand il n’organise carrément pas des week-ends commando avec d’autres fanatiques dans l’unique but de compléter sa collection.
Nerd, vous avez dit nerd ou geek ?
Loisir de niche flirtant avec l’illégalité (les tableaux sont posés sans autorisation et souvent enlevés et détruits rapidement), mêlant collectionnite façon cartes Panini©, technologie et happening éphémère, le concept d’invasion fait partie d'une démarche artistique globale. C’est aussi et surtout, particulièrement pour l’auteur, une nouvelle manière de découvrir les villes. La promenade est transformée en une quête qui permet de voir son environnement d’une autre façon. Ajoutez l’émulation due à l’effet de groupe virtuel et la mise en commun des informations menant sur la piste de ces precious et vous comprenez aisément l’engouement que peut générer ce type de projet.
Présenté sous la forme d’un carnet brut de décoffrage, Chasseur d'Invader - Comment des mosaïques ont changé ma vision du monde raconte en mode autobiographique le cheminement du dessinateur d’À cœur ouvert dans cet univers particulier (allez demander à sa femme et ses enfants ce qu’ils en pensent). Dessins lâchés, couleurs à l’arrache et narration à la petite semaine, l’album respire la passion et l’envie de la partager (là encore, l’avis des siens diffère). Il faut dire que ça a l’air vraiment amusant et l’énergie dont fait preuve Keramidas se montre particulièrement enthousiasmante (à l’inverse du bilan carbone de l’entreprise).
Drôle, déroutant, toujours surprenant (l'apparition-surprise de Frank Margerin est sympathique) et immensément sincère, Chasseur d'Invader - Comment des mosaïques ont changé ma vision du monde lève le voile sur une activité improbable doublée d’un questionnement philosophique véritable à propos de l’occupation des sols et de sa perception.
J’avais entendu Keramidas en parler à la radio et franchement, ça donnait envie de lire l’ouvrage. Décortiquons l’histoire. L’histoire nous plonge dans le quotidien d’un chasseur d’invaders et plus particulièrement dans celui de Keramidas. Si on perçoit assez vite la passion qui anime l’auteur, on a un peu de mal à décoller totalement parce que ça reste une passion peu à la portée de tout le monde. On aurait aimé également que l’auteur nous raconte un peu plus tel ou tel voyage. Ça reste une succession de chasses. Le dessin est en mode croquis, on ne sait pas si ça a été fait sur le moment, sur photo, de mémoire. Le dessin ne casse rien et quand on sait de quoi est capable l’auteur, ça déroute. J’y ai quand même pris du plaisir mais je ne sais pas si ça valait la peine de faire autant de pages, la moitié ou le tiers aurait suffit ! Ou alors, il se l’est joué comme un chasse improvisée