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ttaquées par l’empire de Grandbretanne, les armées de Köln s’étaient vaillamment battues pour défendre la cité. Mais à l’issue des combats qui devaient logiquement conduire à la défaite des envahisseurs, Dorian Hawkmoon assistait à l’exécution de son père et était finalement fait prisonnier. Usant de l’énergie du flux noir et de la magie du Baron Kalan de Vitall, les Grandbretons ont implanté un joyau dans le front d’Hawkmoon et peuvent ainsi le contrôler. C’est, bien malgré lui, ce qui conduit le jeune duc à se rendre à Aigues-Mortes pour y enlever Yisselda, la fille du comte local.
Après Elric (dont le quatrième tome est paru en 2021), Hawkmoon est le second « Champion éternel » du multivers de Michael Moorcock à faire l’objet d’une adaptation aux éditions Glénat. L’action prend ici place dans un futur relativement lointain (bien que non véritablement daté), résolument technologique mais aussi profondément moyenâgeux où l’Europe est morcelée en d’innombrables territoires. Longtemps tenue à l’écart des affaires de ses voisins de l’autre côté de la Manche sur l’Île Ténébreuse, la Grandbretanne – dirigée par le Roi-Empereur Huon – a nourri l’ambition d’un empire scientifique totalitaire et sombre. Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existés serait purement fortuite ? Pas vraiment. Car en s’appropriant un roman écrit en 1967 (The Jewel in the Skull), Jérôme Le Gris met en scène avec intelligence une histoire qui est à la fois l’écho des velléités expansionnistes passées qu’a subi le Vieux Continent et la prémonition de certaines crises parfaitement contemporaines. « L'Histoire est un perpétuel recommencement », nous enseignait Thucydide…
Le premier opus introduisait l’univers, les différents protagonistes ainsi que les enjeux de ce récit épique et proposait les premiers rebondissements. Dans ce deuxième acte, les évènements prennent un tournant martial. Une bonne occasion est ainsi donnée à Benoît Dellac de déployer des scènes spectaculaires comme il avait démontré savoir le faire dans Serpent Dieu ou, plus récemment et dans un registre un peu différent, dans Nottigham. Reconnaissable, en particulier, par le regard perçant qu’il donne à ses personnages, le trait du dessinateur s’avère également efficace pour les décors des différentes villes traversées. Le style gothique omniprésent à Londra (largement vue dans le tome d’ouverture) laisse davantage place, dans le duché de Kamarg, à une architecture puisant plutôt ses inspirations dans l’art hispano-mauresque et l’ordre toscan. Dans un cas comme dans l’autre, les détails soignés sont légion.
Bel équilibre entre reprise des stéréotypes habituels et renouvellement, Hawkmoon est une série d’heroic fantasy à suivre par les amateurs du genre… et les autres aussi !
Dans la lignée du premier volume, l'album suit l'histoire originelle de Moorcock. Le dessin reste de qualité avec une coloration manquant parfois un peu de nuances, mais on a envie de lire la suite avec une certaine impatience