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antes, fin septembre 1792. Depuis l’assassinat de sa mère par les sbires de son oncle, Célénie de Montencourt est l’héritière d’une fortune que convoite le commanditaire du meurtre. En fuite, l’orpheline est enlevée par la bande de Mange-doigts, lequel exige une rançon. Souvent corrompus, les membres de la police et de la garde nationale se montrent peu empressés de retrouver la bien née. Heureusement que les gamins des rues l’ont prise sous leur aile.
Dans Le grand désordre de l’an 1, deuxième tome de Révolutionnaires !, Régis Hautière poursuit le récit des péripéties de la fugitive, à travers laquelle il raconte la Révolution française. Le scénariste situe l’action en marge de la grande histoire, celle qui se déroule à Versailles et Paris, mettant en scène Marie-Antoinette, Louis XVI et Danton. S’arrêtant à quatre cents kilomètres de la capitale, il expose plutôt les répercussions des événements sur la petite noblesse et sur le peuple. En ces temps troubles, toutes les institutions (politiques, religieuses, criminelles et forces de l’ordre) se redéfinissent. Tout va très vite et il ne faut surtout pas rater une occasion de s’enrichir. La seule loi demeure celle du plus fort et l’allié d’aujourd’hui peut fort bien s’avérer l’ennemi de demain. Et vice versa. C’est dans cet univers hostile que la jouvencelle tente de survivre.
Cela dit, dans cette aventure, l’affrontement se révèle essentiellement celui opposant les mômes et les adultes. Ces derniers, qu’ils soient bandits, bourgeois ou miliciens, ont une chose en commun : ils feront toujours passer leurs intérêts avant ceux de la fuyarde. Le saga dépeint ainsi l’amitié et la solidarité d’un groupe d’enfants. Ils n’ont rien, sinon une noblesse d’esprit qui les amènent à s’élever au-dessus de la mesquinerie. Y a-t-il là un côté Club des cinq ? Bien sûr. Après tout, cette série est destinée à un jeune public.
Révolutionnaires ! a d’ailleurs tout pour plaire à son lectorat. Le scénario est rythmé et les rebondissements nombreux. Les personnages sont attachants et il ne fait nul doute que filles et garçons s’identifieront aux galopins et qu’ils trembleront lorsqu’un scélérat leur met la main au collet.
La narration s’appuie sur l’agréable dessin semi-caricatural de Xavier Fourquemin. La construction des planches apparaît dynamique et traduit joliment ce projet mené tambour battant ; avec leur allure cinématographique, les scènes de poursuite sont particulièrement réussies. L’artiste remplit ses cases et ses décors expriment habilement l’état des lieux, tant l’indigence des uns que l’opulence des autres. Enfin, chapeau à la justesse du jeu des comédiens.
Un récit palpitant, destiné aux préadolescents, où les auteurs expliquent la transformation de l’Hexagone il y a un peu plus de deux siècles. En fin d’album, un dossier pédagogique permet au lecteur de consolider ses connaissances.
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